samedi, avril 27

Alors que la France souhaite désormais ouvertement accélérer la redéfinition de son dispositif militaire en Afrique, notamment en envisageant une baisse de ses effectifs militaires permanents au Gabon, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Tchad, un nouvel acteur pourrait monter en puissance dans le cadre de ce délicat exercice : la société Défense conseil international (DCI), principal opérateur du ministère des armées pour le suivi des contrats d’armement tricolores à l’export et le transfert des savoir-faire militaires afférents.

Face au rejet de plus en plus marqué de la présence française sur le continent africain, l’ambition des armées est de réussir à limiter au maximum, à l’avenir, les effectifs permanents en uniforme, notamment les militaires en poste avec leur famille, qui pouvaient entretenir l’image d’une France en vase clos. L’objectif est désormais plutôt d’essayer de favoriser les rotations d’effectifs, éventuellement sous la forme de missions de courtes durées, et avec des personnels pas forcément contraints au port de l’habit militaire.

Un positionnement dont pourrait profiter DCI. Composé d’environ un millier de salariés, dont 80 % d’anciens militaires, et avec un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros, cette société, dont l’Etat est actuellement actionnaire à 55 %, travaille de longue date main dans la main avec le ministère des armées partout dans le monde. Ces dernières années, l’essentiel de son activité se faisait au Moyen-Orient, principalement avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Mais lors d’une audition devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale, mercredi 7 février, son PDG Samuel Fringant, a assumé une réorientation partielle de DCI sur l’Afrique.

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« DCI est un outil d’influence du ministère des armées, qui assure une présence française discrète si nécessaire […] y compris dans des domaines très critiques », a notamment expliqué M. Fringant, dans le cadre d’un cycle d’auditions consacré à la coopération de défense avec l’Afrique. Une prise de position inédite, directement liée à la recherche d’un nouveau narratif de la France sur le continent, et qui va de pair avec l’officialisation, le 2 février, de la nomination de l’ancien sénateur-maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, comme envoyé « personnel » du chef de l’Etat pour gérer la redéfinition du dispositif militaire français sur le continent.

Un capital amené à évoluer

Alors qu’en 2018 DCI ne travaillait qu’avec trois pays d’Afrique et que cette activité ne représentait que « 0,1 % » de son activité globale, en 2023, ses partenariats se sont étendus à 14 pays, pour un volume d’affaire de 58,7 millions d’euros, d’après M. Fringant. Des contrats qui ont notamment concerné la formation de pilotes d’hélicoptères algériens, de mécaniciens aéronautiques au Rwanda ou encore celle de marins au Sénégal et en Côte d’Ivoire à la suite de la vente de patrouilleurs de l’industriel français Kership. Cette année, l’activité de DCI en Afrique pourrait représenter jusqu’à 15 % de son volume d’affaires.

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