jeudi, mai 9

Un arrêté visant à interdire « l’exercice de la mendicité » dans plusieurs rues d’Amiens a été diffusé par la maire de la ville, Brigitte Fouré (Union des démocrates et indépendants, UDI), vendredi 26 avril. Cette interdiction sera effective à partir du 1er mai et jusqu’au 31 août, « du mardi au samedi, de 8 heures à 20 heures », précise le texte.

Dans les motifs de l’arrêté, Mme Fouré estime que « la mendicité dans les rues de l’hypercentre d’Amiens, aux abords des commerces, de manière continue et statistique, constitue une occupation abusive du domaine public de nature à causer des troubles à l’ordre public en générant des attroupements avec parfois de l’alcoolisation ». La maire justifie également cet arrêté par « les plaintes récurrentes des commerçants ainsi que les interventions multiples des forces de l’ordre pour faire cesser ces troubles à l’ordre public (mendicité agressive, alcoolisation, gêne à la libre circulation des piétons…) ».

Mme Fouré avait annoncé il y a un mois son intention de signer cet arrêté « à titre expérimental ». « Parfois, on a des personnes sans domicile qui peuvent être agressives et qui peuvent produire l’effet de chasser les clients des commerces », avait-elle expliqué. La maire avait alors précisé que les policiers municipaux pourraient « demander aux personnes de se comporter différemment ou d’aller ailleurs », la verbalisation n’ayant que peu d’effets sur eux, selon l’élue.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Etat de santé, temps d’errance, accès aux soins… Une étude dévoile le profil des sans-abris

Une mesure jugée « inhumaine » par ses opposants

Interrogée sur le lien éventuel de cette mesure avec les Jeux olympiques et le potentiel déplacement de personnes sans domicile au cours de l’été, Mme Fouré a exprimé la crainte de « voir des personnes qui n’auraient rien à voir avec [sa] ville et qui y arriveraient parce qu’elles seraient chassées de Paris, en particulier », tout en soulignant n’avoir aucun élément dans ce sens pour le moment.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La crainte d’un « nettoyage social » dans les rues de Paris avant les JO

Plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées dans la ville, le 3 avril, à l’appel de l’association Maraudes citoyennes amiénoises, pour s’opposer à cette mesure. Dans une lettre ouverte publiée sur Facebook avant cette manifestation, les membres de l’association avaient appelé la maire à ne pas mettre en œuvre cet arrêté, jugé « inhumain ». « Mendier n’est pas un plaisir ou une carrière, c’est une façon de survivre », s’insurgeaient-ils.

Des arrêtés contre la mendicité ont déjà été pris par plusieurs villes françaises ces dernières années, comme à La Rochelle ou à Angoulême l’été dernier. La mesure prise à Angoulême, qui visait à interdire « la station assise ou allongée », avait néanmoins été partiellement suspendue par la justice administrative, qui estimait que cet arrêté avait un « caractère trop général et insuffisamment précis ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Carole Le Floch, ancienne SDF : « Porter la parole des personnes précaires a été l’outil pour me reconstruire »

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version