jeudi, mai 9

Un accident de la route a causé la mort d’un conducteur Uber, au Brésil, le 31 mars dernier.
Le responsable, issu d’une famille aisée, a eu droit à des faveurs qui ont choqué l’opinion.
L’affaire a provoqué de vives réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Un fait divers qui secoue le Brésil. Il y a près d’un mois, dans la nuit du 31 mars, une collision mortelle a eu lieu à Sao Paulo, capitale financière du pays. L’unique victime de l’accident est un conducteur Uber, Ornaldo da Silva Viana, 52 ans, décédé des suites de ses blessures à l’hôpital. L’autre conducteur, un homme de 24 ans, était, lui, au volant d’une Porsche.

Ce dernier, issu d’une famille aisée, était sorti faire la fête dans la voiture de sport de son père. D’après les premiers éléments révélés par les caméras de surveillance, l’homme aurait percuté l’arrière du véhicule du chauffeur Uber à grande vitesse. Il était accompagné au moment des faits par un ami, assis à la place du siège passager, qui a par la suite révélé à la police que le jeune conducteur était en état d’ébriété. 

Une action judiciaire très controversée

Mais c’est la suite des évènements qui va embraser l’opinion. Après la collision, la mère du conducteur de la voiture de sport s’est présentée sur les lieux et a convaincu les deux policiers militaires présents qu’elle devait emmener son fils à l’hôpital pour une radiographie. Contre le protocole dans ces circonstances, comme le relatent nos confrères d’El Pais, la police a autorisé le principal suspect à partir sans passer au préalable un test d’alcoolémie.

Lorsque les policiers se sont ensuite présentés à l’hôpital, aucun des deux protagonistes n’était présent, pas plus qu’à leur domicile. Il a fallu attendre près de deux jours pour que le suspect se présente au commissariat.

Suite à cette succession d’incidents, la police a demandé à trois reprises que l’auteur de l’accident soit placé en détention provisoire, que son passeport soit saisi et son permis de conduire suspendu. Malgré les éléments accablants, l’homme a échappé à la prison en payant une caution d’un demi-million de réaux, soit l’équivalent de 90.000 euros. Une situation qui a ravivé les tensions dans ce pays marqué par les inégalités sociales. Car le conducteur était par ailleurs un récidiviste, qui avait déjà perdu son permis et ne l’avait récupéré que 12 jours plus tôt. 

Une injustice sociale selon l’opinion

Un communiqué publié par les avocats de la famille de la victime témoigne de leur indignation après des négociations avec l’accusé. « Le responsable de la mort a payé une caution de 90.000 euros et a offert à la famille une somme dérisoire en guise d’allocation de subsistance. Nous ne pouvons pas oublier qu’il s’agit de l’exécution brutale d’un travailleur, qui a été tué alors qu’il subvenait aux besoins de sa famille« , ont-ils assuré.

« Le sentiment qui m’habite est celui d’une profonde tristesse et d’une grande angoisse. Un gigantesque sentiment d’injustice m’habite« , a déclaré Luam Silva, l’un des fils de la victime sur Instagram. L’auteur, miraculeusement indemne dans l’accident qu’il a causé, subit depuis un lynchage médiatique sans précédent tandis que l’affaire continue de faire la Une des journaux.

Selon l’ONG Oxfam, les six individus les plus fortunés du Brésil possèdent la même richesse que les 50% des plus pauvres de la population, soit environ 100 millions de personnes. Les 5% les plus riches du pays totaliseraient des revenus équivalent à ceux des 95% restants. 


Axel JUIN

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