jeudi, mai 9

Ils veulent y croire : cette fois-ci sera « la bonne ». Parce qu’ils en ont « assez des violences policières », « assez des écoles au rabais », des « boulots précaires », des « logements pourris » et des « humiliations », « assez » de ne pas compter aux yeux des responsables politiques, hommes et femmes des quartiers populaires, responsables associatifs historiques ou nouveaux venus dans l’univers du militantisme des « cités maudites », écrivent-ils dans leur texte de présentation, se lancent dans une énième tentative de coordination.

L’objectif ? S’organiser, se fédérer, former de nouvelles générations au combat politique afin de peser dans le débat public. L’initiative, officiellement lancée le 27 avril à Paris, porte un nom : l’Assemblée des quartiers.

Cela fait deux ans que ce projet est dans les tuyaux. « C’est le temps qu’il a fallu pour accepter que nous n’étions pas tous d’accord, que nous ne le serons jamais sur certains sujets, que nos priorités ne sont pas pour tous les mêmes, mais que nous sommes conscients que si nous voulons peser, il faut nous rassembler », explique Youcef Brakni, l’un des premiers signataires de l’Assemblée des quartiers et membre du Comité vérité et justice pour Adama, du nom d’Adama Traoré, jeune homme de 24 ans mort en juillet 2016, dans le Val-d’Oise, à la suite d’une interpellation par des gendarmes. « Exister collectivement, s’engager politiquement ! », tel est le credo de ce nouveau mouvement, qui se veut « une sorte de syndicat des quartiers », poursuit M. Brakni.

Solidarité et pouvoir

Dans la première édition du journal distribué à l’occasion du lancement du mouvement, ses fondateurs – un noyau dur d’une cinquantaine de personnes, la plupart âgés de 40 à 60 ans – dénoncent la façon dont certains partis politiques et médias « instrumentalisent les espaces de ségrégation sociale et raciale des quartiers populaires » et font de leurs jeunes des « parias stigmatisés ». « Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix, nous sommes dos au mur. Soit nous reprenons en main le narratif des quartiers face aux discours fascisants et aux dérives autoritaristes, soit nous laissons la place à l’extrême droite », lance Magda Jouini, 42 ans, administratrice du Front de mères, un syndicat de parents qui lutte contre les discriminations et les violences, très actif en Seine-Saint-Denis.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Présidentielle 2022 : les quartiers populaires, oubliés de la campagne

L’Assemblée des quartiers s’est fixé trois missions : transmettre l’histoire des luttes sociales et former de nouvelles générations de militants ; prendre le pouvoir politiquement en soutenant et en accompagnant des listes autonomes aux élections municipales de 2026 ; et exercer une pleine solidarité entre acteurs des quartiers, en accompagnant les initiatives locales.

Il vous reste 61.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version