mardi, avril 30
Un Algérien, avec sa petite-fille, rentre chez lui après avoir célébré la fête de l’indépendance, le 7 mai 1962.

LCP-ASSEMBLÉE NATIONALE – MARDI 20 FÉVRIER À 20 H 30 – SÉRIE DOCUMENTAIRE

De ce passé qui ne passe pas ou si mal, cet abcès toujours à vif, comment faire œuvre de pédagogie ? Six décennies après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), le temps presse pour transmettre aux nouvelles générations, non pas la mémoire – saturée de contentieux –, mais le savoir minimal autour d’un conflit dont les acteurs et les témoins se font de plus en plus rares.

En 2022, le 60e anniversaire des accords d’Evian – signés le 18 mars 1962 – fut l’occasion d’une production prolifique, dont cette série documentaire de Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora, C’était la guerre d’Algérie, rediffusée, du lundi 19 au jeudi 22 février, sur la chaîne de l’Assemblée nationale.

Au fil de la narration, on voit l’utopie de l’Algérie française, minée par ses contradictions internes (une République « civilisatrice » niant si longtemps l’égalité politique), se désagréger face au réveil d’un peuple autochtone s’arrachant à la « nuit coloniale ».

Lire l’entretien avec Benjamin Stora (en 2021) : Article réservé à nos abonnés « Les Algériens sont en attente d’une vérité sur leur propre histoire »

Le récit radiographie un schisme aux séquelles toujours douloureuses dans les deux sociétés. Des massacres de Sétif, le 8 mai 1945, aux festivités de l’indépendance, le 5 juillet 1962, en passant par le soulèvement de la Toussaint de 1954 ; la « pacification » des djebels ; la bataille d’Alger, en 1957 ; le retour au pouvoir du général de Gaulle, le 13 mai 1958 ; la semaine des barricades, en 1960 ; le putsch des généraux, en 1961 ; la realpolitik gaulliste à Evian et le désespoir des pieds-noirs ralliés à la folie meurtrière de l’Organisation de l’armée secrète…

Un découpage chronologique

Un découpage chronologique accorde une large place aux origines de la colonisation. « Il fallait raconter la violence de la conquête et des dépossessions foncières pour comprendre pourquoi la guerre a éclaté plus d’un siècle plus tard », souligne Benjamin Stora.

Le parti pris assumé des auteurs est de mettre l’accent sur les « rendez-vous manqués ». De l’échec du projet de « royaume arabe » de Napoléon III, torpillé par le « pouvoir naissant de l’armée en Algérie », aux multiples trahisons de la promesse d’égalité par une République acculant au désespoir les plus modérés des musulmans.

Lire le décryptage (en 2021) : Article réservé à nos abonnés Entre la France et l’Algérie, la difficile quête d’une réconciliation des mémoires

Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora valorisent des personnages historiques (Messali Hadj, Ferhat Abbas) témoignant de la pluralité des courants du nationalisme algérien, non réductible à l’orthodoxie du Front de libération nationale (FLN), ainsi que des figures intellectuelles (Albert Camus, Germaine Tillion) ayant vainement tenté d’ouvrir d’autres voies que celles de l’inéluctabilité d’une violence indiscriminée.

Les civils paieront un prix élevé à cette dernière, comme en témoigne, notamment, le massacre par un chef local du FLN de 374 habitants du village « traître » de Melouza, en mai 1957, Benjamin Stora réexhumant pour l’occasion les témoignages glaçants déjà diffusés dans son documentaire pionnier, Les Années algériennes (1991). « Il faut aussi que les Algériens assument leur histoire », observe l’historien.

C’était la guerre d’Algérie, série documentaire de Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora (Fr., 2022, 5 × 52 min). Diffusée sur LCP-Assemblée nationale, dans le cadre de l’émission « DébatDoc » présentée par Jean-Pierre Gratien, du lundi 19 au jeudi 22 février.

Partager
Exit mobile version