mardi, mai 21

LA LISTE DE LA MATINALE

Babou Ceesay dans « Shardlake », une série créée par Stephen Butchard.

A partir de recettes éprouvées – un roman de Tom Wolfe, l’Angleterre de Cromwell, le faux documentaire, la « black horror » –, les quatre séries de la semaine proposent des variations plus ou moins réussies. En attendant des morceaux plus conséquents la semaine prochaine, elles permettront tout de même d’occuper le temps libéré par le premier pont de mai.

« Un homme, un vrai » : Tom Wolfe, version plate (-forme)

A 68 ans, David E. Kelley n’arrête pas, au risque de se montrer de moins en moins regardant sur le type de projet sur lequel il appose sa prestigieuse signature. En témoigne cette adaptation pantouflarde du deuxième roman de Tom Wolfe, A Man in Full, publié en 1998, pour lequel le vétéran de la série judiciaire et adolescente recycle des recettes de network, les contraintes des plates-formes en plus. Les six épisodes qui composent la saison ne rendent ainsi pas justice à l’écriture polyphonique du livre, et donnent l’impression de voir deux séries en une – l’une blanche, l’autre noire.

La première est l’histoire d’un homme d’affaires aux penchants histrioniques, Charlie Croker, qui voit l’empire industriel qu’il a bâti lui échapper. L’autre est celle d’un jeune Noir emprisonné après une altercation avec un policier, auquel Charlie va donner les moyens de se défendre en justice. Ce qui peut réunir un homme aussi vil et une cause aussi juste reste vague, et la série s’égare assez vite dans une démonstration surjouée des abus de pouvoir en tous genres, dénonçant au passage, époque oblige, une masculinité toxique qui n’en finit pas de corrompre les rapports humains. Face à Jeff Daniels et Diane Lane, mal à l’aise dans des personnages écrits à gros traits, les acteurs noirs, William Jackson Harper en tête, dans le rôle d’un maire pugnace, sauvent plus ou moins les meubles. Au. F.

Série créée par David E. Kelley. Avec Jeff Daniels, L. Warren Young, Lucy Liu, Diane Lane (Etats-Unis, 2024, 6 × 45 minutes). A la demande sur Netflix à partir du 2 mai.

« Shardlake » : meurtre à l’abbaye, version Henri VIII

A force de séries et de longs métrages, la maison Tudor est devenue aussi familière aux spectateurs du XXIe siècle que celle de Toutou l’était aux enfants français dans les années 1960. Inspirée de romans à énigme signés C.J. Sansom (publiés chez Pocket en France), Shardlake propose une nouvelle visite de l’Angleterre d’Henri VIII, en passant par la porte de service. Matthew Shardlake (Arthur Hughes) est à celui de Thomas Cromwell (Sean Bean), grand chambellan de sa majesté. Shardlake, avocat à l’esprit aiguisé, à la colonne vertébrale déformée (en un temps où l’infirmité passait souvent pour un châtiment divin), est envoyé loin de Londres, dans un monastère bénédictin où un précédent émissaire royal a été assassiné.

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