vendredi, mai 17
Robert Durst en 2015, à New York, image extraite du documentaire « The Jinx. Deuxième partie », d’Andrew Jarecki.

PRIME VIDEO – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Pour comprendre l’intérêt de ce deuxième volet de The Jinx, il faut se souvenir du petit séisme médiatique et judiciaire que fut, aux Etats-Unis, la diffusion de la première partie, et surtout celle de son ultime épisode, dans lequel le riche héritier Robert Durst confessait, sans le savoir, par la magie d’un micro resté allumé le temps d’un passage aux toilettes, les avoir « tous tués ». Les disparitions non élucidées de Kathleen McCormack, son ex-femme, en 1982, de Susan Berman, une amie proche, en 2000, et de Morris Black, un voisin, en 2001, venaient enfin de trouver un début d’explication.

Lorsque cet épisode est diffusé, en mars 2015, le FBI est au courant depuis déjà longtemps – les producteurs du documentaire ne peuvent légalement pas garder l’information pour eux – et Robert Durst vient d’être arrêté alors qu’il s’apprêtait à fuir le pays. Andrew Jarecki aurait pu s’en tenir là, mais le réalisateur, auteur du documentaire multirécompensé Capturing the Friedmans (2003), a choisi de laisser la caméra allumée.

La deuxième saison de The Jinx lève ainsi le voile sur les conditions de l’arrestation de Durst à la suite de son grossier acte manqué ; elle permet aussi de suivre le procès qui en a découlé, pour le seul meurtre de Susan Berman.

Personnalité hors norme

Ces nouveaux épisodes, qui prennent, à certains moments, la forme d’un making of de la première saison (Andrew Jarecki intervient parfois à l’image), tentent de dissiper un peu du mystère qui entoure la personnalité et l’existence de ce fils de promoteur immobilier, curieusement jalonnée de morts suspectes ; la fameuse « guigne » (« jinx », en anglais) du titre.

Filmé avec la même science du récit que les meilleurs true crimes, The Jinx contourne l’absence de suspense et de révélations – l’accusé, mort en 2022, a refusé d’être interviewé par Jarecki après son arrestation – en s’intéressant aux proches de Durst qui défilent à la barre, sous l’œil sans pitié de John Lewin, l’enquêteur chargé de rouvrir les cold cases qui lui sont liés.

Vingt ans après les faits, les souvenirs affluent, de nouveaux documents sont versés au dossier, la parole se rétracte ou se libère et, parfois, la vérité surgit. C’est ce frémissement qu’Andrew Jarecki traque patiemment et qui rend fascinant ce défilé de personnages parfois grotesques, dont la médiocrité témoigne de tout ce que l’argent peut corrompre.

Lire aussi | Le millionnaire américain Robert Durst condamné à la perpétuité pour le meurtre de sa meilleure amie

Il reste à savoir à quel point cette saison de The Jinx permettra d’appréhender la personnalité hors norme de Robert Durst, imbue d’elle-même au point de mettre en scène, même inconsciemment, sa propre chute. HBO ayant choisi de ne pas montrer les deux derniers épisodes de la saison, on peut légitimement penser qu’ils réservent encore une part de surprise.

Il vous reste 4.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version