jeudi, mai 2

Les Européens ne cessent de se lamenter. Le décrochage avec l’économie américaine s’accentue. Aucun géant de la tech n’arrive à émerger sur le Vieux Continent. L’accélération des investissements industriels en Chine subventionnés par la puissance publique menace de submerger le marché européen de la transition écologique. L’effort de réarmement devient une évidence, mais l’intendance ne suit pas, faute de moyens.

L’une des clés pour surmonter ces défis est pourtant connue : l’intégration des marchés de capitaux à l’échelle du continent. Disposer de sources de financement plus larges, plus solides et plus résilientes permettrait aux entreprises européennes de pouvoir enfin rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis. L’UE n’a plus les moyens de négliger ce levier qui prendrait utilement le relais de politiques de subventions publiques à bout de souffle en raison du niveau élevé d’endettement.

Le sommet européen du 17 avril, consacré à la compétitivité, doit permettre de passer des lamentations aux solutions. L’ex-président du conseil italien Enrico Letta nourrira la réflexion avec un rapport sur la nécessité de parachever l’intégration européenne, notamment dans le domaine financier. Il sera suivi, en juin, par celui rédigé par l’ancien président de la BCE Mario Draghi sur la compétitivité.

Mobiliser l’excédent d’épargne

L’idée d’une union des marchés de capitaux (UMC) remonte à 2014. L’Europe sortait alors de la crise financière et son prolongement, la crise des dettes souveraines. L’heure était davantage à la stabilisation des marchés financiers qu’à la stimulation des investissements.

Une décennie et un Brexit plus tard, l’UMC s’est transformée en serpent de mer : tout le monde en parle, mais la réalisation laisse à désirer. La part du financement des économies par les marchés financiers stagne et l’épargne des ménages n’est toujours pas suffisamment mobilisée sur les projets d’avenir. « La taille relative de l’UE dans les marchés de capitaux globaux s’est réduite – passant de 18 % à 10 % en seize ans – et la part des entreprises européennes dans la capitalisation boursière des cent plus grandes entreprises mondiales est passée de 11 % à 5 % en sept ans », déplore Fabrice Demarigny, ex-dirigeant de l’European Securities Markets Authority, le régulateur européen du secteur, dans la revue Le Grand Continent.

L’achèvement de l’UMC constitue pourtant une brique essentielle pour bâtir l’autonomie stratégique à laquelle l’Europe aspire en lui donnant les moyens de ses ambitions. D’ici à 2030, la transition écologique va nécessiter 620 milliards d’euros par an d’investissements, la transition numérique, 125 milliards, selon la Commission européenne. Ces sommes ne peuvent pas être uniquement assumées par des financements publics, d’où la nécessité de mobiliser l’excédent européen d’épargne en faveur de l’investissement de long terme grâce à une intégration des marchés de capitaux. « Le meilleur IRA européen que nous puissions avoir, c’est l’UMC », affirme aux Echos Charles Michel, le président du Conseil européen, en référence au plan américain de subventions pour attirer les investissements en faveur de la transition écologique.

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