vendredi, mai 17
Dans un parc public de Hanoï, au Vietnam, le 28 septembre 2021.

L’image frappe le voyageur quand il arrive en Asie : ces vieillards fragiles et courbés s’activant dans les rues, en plein travail. Le continent le plus dynamique du monde vieillit à toute allure. En 2000, près de 8 % de sa population avait plus de 60 ans. Une proportion qui devrait atteindre 25 % d’ici à 2050.

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Il a fallu vingt ans à la Thaïlande pour que le nombre de ses seniors de plus de 65 ans double, passant de 7 % à 14 % de la population, quand les Européens ont mis un siècle pour y parvenir. Pour ces derniers, le vieillissement est venu avec la prospérité. Même chose au Japon, qui était cinq fois plus riche que la Thaïlande quand ce seuil a été atteint, en 1994.

Thaïlande, Vietnam, Indonésie, Philippines, Cambodge… Tous ces pays sont en train de vieillir avant d’être riche. Un défi financier, budgétaire, social et humain considérable. C’est pourquoi la Banque asiatique de développement (BAD) a choisi de tirer le signal d’alarme, à l’occasion de son assemblée générale annuelle (du 2 mai au 5 mai), à Tbilissi, en Géorgie.

Faible protection sociale

Le sujet est rarement en tête des préoccupations à la différence du climat, de l’intelligence artificielle ou de la mondialisation, mais ses conséquences sont extrêmement sensibles pour les populations. Selon la BAD, 40 % des plus de 60 ans en Asie n’ont aucune pension de retraite, 60 % ne sont pas suivis médicalement, et 94 % des plus de 65 ans travaillent dans l’économie informelle sans protection sociale.

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Comment sortir de ce piège qui menace le développement économique, le budget des Etats et le bien-être des populations ? Les solutions sont connues, mais elles ne sont pas forcément bonnes à entendre ou à appliquer. La première est le recul de l’âge de la retraite, ne serait-ce que pour éviter le basculement dans l’économie informelle. La deuxième est le maintien de cette population en bonne santé, alors que, selon la BAD, un tiers est malade et dépressif. La troisième mesure concerne les femmes, principales victimes de cette paupérisation. En Inde, seulement 24 % d’entre elles sont intégrées dans le monde du travail officiel.

La dernière concerne la politique migratoire. Elle doit être organisée. L’hebdomadaire The Economist citait, en octobre 2023, l’exemple du sous-continent indien. Dans les riches Etats du sud, comme le Kerala, le nombre de seniors a déjà dépassé 15 %, mais la croissance est maintenue par les 450 millions de migrants, venus notamment des régions pauvres du nord-est du pays. Et de suggérer que les Taïlandais régularisent leurs nombreux immigrés birmans qui s’entassent dans des camps.

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