vendredi, mai 17

En matière de décisions politiques, les humains devraient plus souvent s’inspirer des abeilles. En effet, les grandes orientations de la vie d’un essaim ne sont jamais prises par la reine seule, ni par un groupe d’abeilles au nom de leurs intérêts particuliers. Toute décision est prise collectivement, au bénéfice de toutes les abeilles.

Aujourd’hui, les choix du gouvernement de Gabriel Attal en matière de politique agricole sont pris pour le seul intérêt de l’agrobusiness, sans se soucier des dégâts irréversibles sur le vivant − qu’il s’agisse des abeilles, de l’eau, des sols, de l’air, de notre alimentation ou de notre qualité de vie. A Paris comme à Bruxelles, le ministre français de l’agriculture, Marc Fesneau, s’emploie en effet à saper les bases fragiles d’une transition agroécologique. Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture présenté début avril par le gouvernement Attal est un bond en arrière sur le plan environnemental.

Des reculs très graves se dessinent également dans la révision annoncée fin janvier du plan Ecophyto [qui visait à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2030]. Dans les couloirs à Bruxelles, Marc Fesneau saborde aussi les avancées, obtenues de longue lutte, dans la révision de la PAC ou du pacte vert pour l’Europe : un vote au Parlement européen le 24 avril vient d’entériner ces reculades par une « procédure d’urgence », alors qu’il a fallu des années pour obtenir de fragiles promesses d’améliorations.

Remise en cause des recherches scientifiques

En quelques semaines, le gouvernement, sous l’impulsion du président Emmanuel Macron, dépassé par la colère du monde agricole, a préféré remettre en cause des décennies de recherches scientifiques, de mobilisation citoyenne et de preuves évidentes qu’un autre modèle agricole est possible. Les pollinisateurs sont sacrifiés sur l’autel du court-termisme et des bénéfices d’une minorité. Et pourtant.

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Environ 60 à 80 % des cultures alimentaires mondiales dépendent de la pollinisation, incluant des fruits, des légumes, et des oléagineux, enrichissant la qualité de notre alimentation.

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Rappelons-le, une ruche seule butine 5 millions de fleurs par jour. Qui peut envisager sereinement de sacrifier cet apport gratuit pour le seul usage de pesticides, insecticides et autres néonicotinoïdes pulvérisés ? En effet, sans les pollinisateurs, nous pourrions faire face à une baisse dramatique des rendements agricoles, entraînant une réduction de la disponibilité et une hausse des prix de nombreux aliments essentiels.

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