samedi, avril 27
L’imam Abderrahmane Ghoul prononce un discours lors d’une prière du vendredi à la mosquée Tahara à Marseille, pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 20 mai 2020.

Les gouvernements se sont succédé sans jamais vraiment trouver de réponse satisfaisante à la question : comment dialoguer sereinement avec l’islam de France et surtout parler à tous ses membres ? C’est en grande partie à cette problématique que doit répondre le Forum de l’islam de France (Forif), instance de discussion entre divers représentants du culte au niveau départemental lancée par Emmanuel Macron en 2022. Lundi 26 février, sa deuxième session nationale de travail était organisée au ministère de l’intérieur. Un événement réunissant 86 membres (dont 20 % de femmes), désignés au niveau départemental par les préfets parmi les figures de l’islam local. Dans le discours de clôture qu’il a prononcé, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a donné les grandes orientations qu’il aimerait voir se dessiner dans les prochains mois pour le Forum.

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Contrairement aux catholiques ou aux juifs par exemple, les musulmans ne disposent d’aucune autorité suprême, ni véritable organisation représentative à même de dialoguer avec le gouvernement, et de tenter de trouver une solution aux éventuels problèmes rencontrés par les musulmans ou à l’inverse de faire passer des messages du gouvernement à la communauté. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, avait tenté de répondre au problème en créant le Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2003. Contestée et rejetée par une partie des représentants de l’islam, l’organisation a été mise hors jeu, du moins politiquement, par Emmanuel Macron. Lequel a aujourd’hui l’espoir que les discussions se fassent plutôt avec et au sein du Forif.

L’émergence d’une véritable instance cultuelle représentative à l’image de ce qu’il existe dans les autres religions figure au premier titre des orientations souhaitées par le ministre de l’intérieur. Gérald Darmanin a ainsi salué le fait que l’islam se structurait désormais par départements et a appelé de ses vœux à la naissance « d’une fédération des associations musulmanes comme il y a une fédération des protestants ». Et d’ajouter « il ne tient qu’à vous de transformer le F du Forif en fédération ».

Le CFCM fait de la résistance

De fait, relevant plutôt de la « méthode » de discussion que de la véritable organisation représentative, comme l’a précisé M. Darmanin lui-même, le Forif demeure aujourd’hui de l’avis de ses critiques une instance « vaporeuse ». Elle n’a pas vocation à parler au nom des musulmans du pays. A titre d’exemple, les catholiques disposent eux d’une Conférence des évêques de France avec un président élu et les juifs d’un grand rabbin. Des représentants à même de parler au nom de leurs communautés et qui se retrouvent invités lors des grands événements nationaux.

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