jeudi, mai 9
Un jeune patient atteint de diarrhée aiguë est ausculté et admis au centre hospitalier de Mayotte, à Mamoudzou, le 24 avril 2024.

« Suspicion choléra. » Sur la porte fermée de cette chambre du centre hospitalier de Mayotte (CHM), un panneau interdit l’entrée, et édicte les mesures obligatoires à prendre : gants, tablier, solutions hydroalcooliques. Dans la pièce, une femme de 25 ans, originaire des Comores, a été prise en charge, lundi 22 avril, à la suite de violentes diarrhées et de vomissements. Le test rapide d’orientation diagnostique s’est révélé positif à la bactérie du choléra. Ce qu’ont confirmé deux analyses biologiques.

Dans la chambre voisine, une mère inquiète, un châle sur la tête, veille sur son garçon de cinq ans, endormi avec une couche sur son lit. Le petit Madi Mohamed a été hospitalisé le lendemain en raison des mêmes symptômes. L’enfant n’a pas voyagé ces derniers jours, mais a mangé des « bananes d’Afrique de l’Est », explique la mère au docteur Alimata Gravaillac, cheffe du pôle des urgences, qui ausculte le garçon. Elle lui annonce que le test rapide est négatif. En attendant le résultat des analyses complémentaires, la médecin a mis en place un protocole de soins classique contre le choléra : solution de réhydratation et antibiotiques.

Depuis l’apparition du premier cas de choléra à Mayotte, le 18 mars, treize personnes porteuses de la bactérie ont été identifiées et soignées dans le département français de l’océan Indien. L’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte a annoncé, vendredi 26 avril, l’apparition des trois premiers cas autochtones. Trois cas distincts dans la commune de Koungou, dans le nord de l’île, qui « ont très probablement été contaminés par une personne symptomatique qui ne s’est pas signalé au Samu », indique le directeur de l’ARS, Olivier Brahic.

Depuis les Comores et l’Afrique de l’Est

Jusqu’à ces trois premiers cas autochtones, les autorités surveillaient avant tout une propagation de la bactérie dans l’île par l’arrivée quasi quotidienne de kwassa-kwassa – des embarcations légères transportant des migrants – partis de l’île voisine comorienne d’Anjouan, distante de 70 kilomètres, où le nombre de malades flambe.

Les statistiques du ministère de la santé de l’Union des Comores indiquent en moyenne entre 70 et 90 nouveaux cas par jour. Le 25 avril, un total de 42 décès étaient enregistrés à Anjouan, la plus touchée des trois îles de l’archipel (1 906 cas sur un total de 2 674).

L’épidémie est entrée aux Comores début février, avec un voyageur venu de Tanzanie. En Afrique de l’Est, le choléra sévit dans douze pays, de l’Ethiopie au Mozambique, et jusqu’à la République démocratique du Congo. Plus de 240 000 cas ont été signalés depuis début 2023 et au moins 4 000 décès, selon l’Organisation mondiale de la santé.

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