jeudi, mai 9

Soupçonnés d’avoir financé depuis la région parisienne le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sept Kurdes ont été mis en examen, vendredi 26 avril à Paris, par un juge d’instruction antiterroriste.

Ces hommes, âgés d’une trentaine à une soixantaine d’années selon une source proche du dossier, sont poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste », « financement du terrorisme » et « extorsions en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste », a précisé le Parquet national antiterroriste (PNAT), sollicité par l’Agence France-Presse (AFP). Tous ont été placés sous contrôle judiciaire, contrairement aux réquisitions du PNAT. Une « décision proportionnée » de la juge des libertés et de la détention, a salué l’avocat Me Sophiane Ben Ali, qui défend l’un d’entre eux.

Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays comme la France et les Etats-Unis.

Selon le PNAT, les investigations sur commission rogatoire ont « mis en lumière la structuration d’une campagne d’extorsion et de financement du terrorisme depuis la Seine-Saint-Denis au profit du PKK » entre 2020 et 2024.

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Des poursuites supplémentaires ont également été prononcées, jeudi, à l’encontre d’un autre homme, déjà mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans cette information judiciaire. Des « indices graves et concordants » laissent « à penser qu’il avait poursuivi son activité criminelle malgré son contrôle judiciaire », a expliqué le ministère public. « Des réquisitions de placement en détention provisoire ont été prises à son encontre. Il a sollicité un débat différé ».

La défense dénonce « la schizophrénie française »

Les enquêteurs soupçonnent ces hommes d’être en lien avec la « kampanya », la collecte de l’impôt dit révolutionnaire auprès de commerçants et de membres de la communauté kurde installés en France, selon une source proche du dossier. Lors de sa garde à vue, l’un des meneurs a affirmé que cette collecte, fondée sur « le volontariat » des personnes donnant de l’argent, « faisait partie de l’ADN kurde », a souligné une autre source proche du dossier.

De son côté, Me Marie Malterre, avocate de deux mis en cause, a dénoncé auprès de l’AFP « la criminalisation de la communauté kurde » en France et « la schizophrénie française » qui leur octroie « le statut de réfugié politique tout en les mettant en cause ».

« La législation antiterroriste française est utilisée pour harceler les Kurdes et les mouvements de libération kurdes qui sont très surveillés mais rarement protégés », s’est aussi indigné Me David Andic, avocat d’un mis en examen et du Conseil démocratique kurde en France, une structure regroupant 27 associations.

Pour Me Romain Ruiz, autre avocat en défense, ce dossier dévoile une nouvelle fois « l’hypocrisie des autorités françaises » : « Les Kurdes se battent à nos côtés en Syrie, il faudrait les considérer comme des alliés permanents, pas sporadiques ».

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Des perquisitions en Belgique

Lundi, cette même affaire a donné lieu à des perquisitions en Belgique dans les studios de télévision kurdes de Sterk TV et Medya News. Les flux financiers au cœur de l’enquête ouverte en France « sont dirigés vers la Belgique » et ont fait l’objet d’auditions, a précisé à l’AFP une autre source proche du dossier.

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C’est au lendemain de ces perquisitions que les policiers de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et de l’OCRGDF (Office central pour la répression de la grande délinquance financière) ont arrêté, en France, huit hommes en Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne et dans les Bouches-du-Rhône. Une véritable « opération concertée », s’est indigné Me Jean-Louis Malterre, avocat d’un mis en examen. Seul l’un des huit interpellés sera relâché sans poursuite à ce stade.

En France, d’autres enquêtes visent le financement du PKK depuis l’Hexagone. En mars 2021, neuf personnes du milieu kurde en France avaient été mises en examen, après un coup de filet à Marseille et en région parisienne. En février 2020, quatre personnes avaient également été mises en examen, dans une enquête sur des collectes de fonds pour le PKK dans le sud-ouest du pays.

Le Monde avec AFP

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