mercredi, mai 8

En 2024, les Français sont confrontés aux conséquences de la révolution numérique, qui modifie profondément leur accès à l’information. Ces bouleversements remettent en cause le fonctionnement et même la survie des médias traditionnels et provoquent un flot ininterrompu de nouvelles, issues d’un nombre infini de sources d’une fiabilité très variable.

Comment nos concitoyens s’adaptent-ils à cette situation nouvelle ? Est-ce que leurs comportements peuvent faire espérer un renouveau positif de l’information responsable ou risquent, au contraire, d’encourager les nombreux acteurs français ou étrangers spécialisés dans des opérations de manipulation nourries de contrevérités et de propagande toxique ?

Pour y voir plus clair, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a procédé à une importante étude d’opinion sur un échantillon de 3 356 personnes. A première vue, les réactions des sondés sont positives. 94 % d’entre eux déclarent s’intéresser à l’information. Leur intérêt porte en priorité sur la santé et l’environnement, bien plus que sur la politique. 44 % s’informent pour comprendre le monde qui les entoure, et 38 % pour se faire leur propre opinion.

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Les usagers manifestent aussi leur souci de recevoir une information de qualité, capable d’écarter les menaces qui pèsent sur son indépendance. Selon eux, ces menaces sont de deux catégories. D’une part les différents pouvoirs politiques, économiques et financiers ; d’autre part les dérives de la technologie, dont ils sont très conscients, l’infiltration des réseaux sociaux par les acteurs de la désinformation et le rôle croissant de l’intelligence artificielle, qui facilite considérablement la falsification du son et de l’image.

Formats non conformes

Ces bonnes intentions cohabitent de manière surprenante avec des comportements ambigus à l’égard d’une offre aussi vaste qu’incontrôlée. Les usagers sont certes lucides sur les errements des réseaux sociaux. 92 % reconnaissent que ceux-ci fournissent à la fois des informations vraies et fausses. 55 % reconnaissent que ces réseaux diffusent beaucoup d’informations inexactes, et 50 % qu’ils leur volent leurs données personnelles. Beaucoup d’entre eux, environ 60 %, manifestent une certaine lassitude face à des informations trop répétitives ou trop angoissantes, réaction que l’on retrouve dans la plupart des pays européens.

Ce constat ne les empêche pas de s’informer dans une large mesure sur le Web, grâce aux moteurs de recherche comme Google ou aux plates-formes audiovisuelles comme YouTube ou TikTok, deux supports plus utilisés que les sites des médias. C’est le cas de 53 % des usagers – surtout les moins de 35 ans – alors que seuls 34 % des sondés consultent un quotidien ou un magazine. Il est vrai qu’une importante minorité, 42 % estime qu’on peut très bien s’intéresser à une information sans savoir si elle est vraie ou fausse. Plus généralement, ils sont nombreux à estimer que les services sur Internet fournissent des informations qu’on ne trouve pas ailleurs et proposent des formats plus conformes à leur demande que les médias traditionnels.

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