jeudi, mai 9
La cour intérieure de l’hôtel de la Monnaie, à Paris, en août 2020.

Pousse-toi de là que je m’y mette. D’après les informations du Monde, la Maison des mondes africains, qui cherche désespérément un ancrage dans Paris intra-muros, aurait jeté son dévolu sur le site classé de l’hôtel de la Monnaie, quai de Conti, dans le 6e arrondissement. Une idée, semble-t-il, de la ministre de la culture, Rachida Dati, qui ne craint pas d’ébranler l’auguste institution qui bat la monnaie depuis le XVIIIe siècle et, plus récemment, fabrique les médailles pour les Jeux olympiques 2024.

L’heure tourne, il est vrai. Depuis l’annonce, en 2021, du lancement de cette maison, rebaptisée MansA en 2023, le projet hautement politique d’Emmanuel Macron piétine. La future institution, qui vise à améliorer les relations entre la France et l’Afrique, a un temps lorgné le bâtiment vitré de la Fondation Cartier, dans le 14e arrondissement, qui doit migrer, en 2025, dans l’ancien Louvre des antiquaires réaménagé par Jean Nouvel, rue de Rivoli, et dont l’actuel bail, boulevard Raspail, s’achève à la fin de 2026. Mais l’exiguïté des espaces colle difficilement avec l’ambition d’une structure qui se veut à la fois une vitrine pour les talents de l’Afrique et de sa diaspora et un tremplin pour les voix de demain.

Climat social tendu

Avec ses 34 000 mètres carrés en bordure de Seine, face au Louvre, et à quelques pas de l’Académie française, l’hôtel de la Monnaie paraît autrement plus attractif. Ce bâtiment à l’imposante façade néoclassique a longtemps été fermé au public. En 2007, l’usine qui frappe les monnaies de collection au cœur de Paris menace de fermer. L’établissement public, rattaché au ministère de l’économie, est alors en déficit. Le PDG de l’époque, Christophe Beaux, joue le tout pour le tout en lançant un chantier de six ans pour reconfigurer les espaces et transformer la Monnaie en lieu culturel à part entière, sans jamais perdre sa fonction première.

Onze salons d’apparat donnant sur la Seine sont inaugurés en 2014 pour accueillir des expositions pointues d’art contemporain. L’année suivante, le chef étoilé Guy Savoy installe à l’étage son restaurant gastronomique. En 2017, c’est un musée flambant neuf racontant mille ans de monnayage qui ouvre ses portes.

La programmation, recentrée ces dernières années sur des expositions grand public, plus en phase avec son cœur de métier, a trouvé son public. Avec 163 000 entrées, la fréquentation du site affiche une hausse de 11 % par rapport à 2022, d’après un communiqué publié fin mars. Le chiffre d’affaires aussi est en progression, de 9 % en 2023 pour un total de 162 millions d’euros. Le résultat net de 4,4 millions d’euros a néanmoins été plombé par la frappe de 27 millions de pièces non conformes, qui a valu à l’établissement public un surcoût de 800 000 euros.

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