jeudi, mai 9
 Eric Zemmour et Sarah Knafo, lors du lancement de  la campagne de Reconquête en vue des élections européennes, à Paris, le 10 mars 2024.

Reconquête ! est passé maître dans l’art du faux suspense. Après la candidature à la présidentielle cousue de fil blanc d’Eric Zemmour, en 2022, puis l’inévitable ralliement de Marion Maréchal dans la foulée, la cheville ouvrière du parti d’extrême droite, Sarah Knafo, a officialisé vendredi 26 avril ce qui ne faisait plus guère de doutes depuis des semaines : sa participation aux élections européennes. La conseillère et compagne de l’ancien journaliste du Figaro occupera – comme prévu – la troisième place sur la liste menée par la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, lors du scrutin du 9 juin.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Marion Maréchal et Eric Zemmour, en difficulté face au RN, renforcent leur ligne anti-islam lors de leur premier meeting des européennes

Celle qui prit souvent modèle sur l’influente Marie-France Garaud, éminence grise de Georges Pompidou et pygmalion de Jacques Chirac, n’a pas longtemps résisté à la lumière. Deux ans après avoir piloté la campagne présidentielle d’Eric Zemmour, l’ex-magistrate à la Cour des comptes sort de l’ombre pour essayer d’éviter à son jeune parti de sombrer lors du scrutin européen. A six semaines du vote, Reconquête ! stagne péniblement au-dessus de la fatidique barre des 5 %, condamné pour le moment à regarder s’envoler le candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, au sommet des enquêtes d’opinion.

Sans surprise, la trentenaire a pris soin d’égratigner ce rival dans son premier entretien de candidate, publié vendredi 26 avril dans Le Figaro. Sur le fond, elle distingue d’abord la prétendue constance de son mouvement – « très haut dans le courage » – face aux circonvolutions de celui de Marine Le Pen – « très haut dans les sondages » : « Le RN prend ses décisions en fonction de l’humeur du jour, des sondages de la veille, du récit médiatique. »

Puis l’énarque décrit longuement Jordan Bardella en « prestidigitateur », en référence à la dissolution de l’Assemblée nationale qu’il a prévu de réclamer à Emmanuel Macron en cas de victoire. « Il fait croire que les trois prochaines années n’existent pas, que grâce à lui, Emmanuel Macron quittera le pouvoir le 10 juin au matin. Sauf qu’Emmanuel Macron sera toujours là, et pour trois ans », relève Sarah Knafo.

Eviter la déroute et la disparition

Se rêvant depuis plus de dix ans en cheville ouvrière de l’« union des droites », cette dernière quitte donc les coulisses pour pilonner M. Bardella, l’un des principaux représentants du camp d’extrême droite, où l’on se rassemble autour de la lutte contre l’immigration, l’application de la « préférence nationale » et la défense d’une identité française menacée par l’ouverture des frontières. Sa grande ambition, nourrie sur les bancs de Sciences Po et lors de son parcours aux côtés de nombreux souverainistes (Jean-Pierre Chevènement, Henri Guaino, Philippe de Villiers), cède le pas à une priorité électorale de court terme : éviter une déroute de Reconquête ! aux européennes, qui pourrait entraîner sa disparition. Pour y arriver, elle tente de contenir la fuite des suffrages dans l’escarcelle du RN.

Il vous reste 39.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version