dimanche, avril 28
Louise (Audrey Lamy) et Paul (Fabrice Eboué) dans « Heureux gagnants », de Maxime Govare et Romain Choay.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Une chance sur dix-neuf millions de décrocher la fortune au Loto ! Et voilà qu’elle tombe sur eux. Une famille qui peine à joindre les deux bouts, une jeune femme en quête du grand amour, trois terroristes s’apprêtant à commettre un attentat, un petit groupe de soignants dévoués à leurs retraités se retrouvent riches comme Crésus en quelques secondes. De quoi les bouleverser et changer leur vie. De quoi également renverser leur échelle de valeurs et tout faire partir en vrille.

L’argent, se plaît-on à croire, ne fait pas le bonheur. Il pourrait bien aussi engendrer plus de vices que de vertus. C’est dans cet argument que Maxime Govare et Romain Choay ont trouvé matière à leur comédie, Heureux gagnants. Un film à sketchs cruel et immoral qui met en scène quatre petites histoires très différentes, chacune vivement campée et menée avec allant.

Dans la comédie, l’écriture et le rythme ne font pas de cadeau. Ici, l’une et l’autre se renvoient la balle, jouent l’agilité, s’épargnent le superflu. Le scénario trace droit, la mise en scène suit, au même titre que les acteurs. Ainsi soustraits aux effets démonstratifs, ces derniers n’en sont évidemment que plus convaincants, voire, pour certains, redoutablement drôles.

Esprit férocement comique

Cinquième long-métrage de Maxime Govare – dont le précédent, La Revanche des crevettes pailletées (2022), coréalisé avec Cédric Le Gallo – et premier à la réalisation pour le scénariste Romain Choay, Heureux gagnants s’applique à transformer un miracle en cauchemar, histoire de mettre en lumière les pires aspects de l’âme humaine. En la matière, les auteurs revendiquent leurs références, Les Nouveaux Sauvages, de l’Argentin Damian Szifron (2014), Very Bad Things, de l’Américain Peter Berg (1999), Barbaque, de Fabrice Eboué (2021). Auxquelles on pourrait ajouter, pour leur esprit férocement comique, certaines comédies italiennes des années 1960.

C’est précisément Fabrice Eboué – dans la peau d’un dénommé Paul – qui ouvre le bal (et qui le fermera), loser ahuri que l’on découvre sur la route nationale des vacances, au volant d’une modeste voiture. Sur le siège du passager, sa femme, Louise, au bout de sa vie, accable son mari de reproches. Comment peut-il manquer autant d’ambition et se contenter, pour lui et sa famille, d’une existence aussi minable ? A l’arrière, leurs deux enfants – préadolescents déjà revenus de tout – opinent.

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La découverte dans la boîte à gants d’un amas de tickets de Loto, joués en cachette par monsieur, fait monter l’engueulade crescendo. Laquelle est stoppée net par la seconde découverte : le dernier ticket contient les cinq chiffres gagnants. Le gros lot les attend à une centaine de kilomètres de là, dans un centre de retrait à Marseille. Il leur reste très peu de temps avant l’heure limite. L’occasion est trop belle pour le père de se transformer en héros. La voiture lancée à toute allure s’engage dans une course contre la montre, champignon à fond, lignes blanches franchies, feux rouges grillés… on se croirait dans Taxi. Rien n’arrêtera plus Paul. Même pas la police. Quoique !

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