vendredi, mai 10
Luc (Jonathan Zaccaï) et Carole (Géraldine Pailhas), dans « Les Malvenus », de Sandrine Veysset.

FRANCE.TV – À LA DEMANDE – TÉLÉFILM

Une promesse de bonheur qui vire au cauchemar. Ainsi peut se résumer la fiction Les Malvenus, réalisée par Sandrine Veysset (Y aura-t-il de la neige à Noël ?, en 1996, Martha… Martha, en 2001), écrite avec la romancière Virginie Despentes.

Le bonheur, c’est l’opportunité qui s’ouvre, à la faveur d’un héritage, pour Luc (Jonathan Zaccaï), ingénieur, et sa compagne, Carole (Géraldine Pailhas), artiste, de fuir Paris pour commencer une nouvelle vie dans le sud de la France en emménageant dans une belle propriété entourée de vignes. Sauf que la maison, séparée en deux parties, le couple l’acquiert en indivision avec le frère de Luc, qui s’empresse de mettre son bien en location.

A peine installés dans leur nouveau nid, Carole s’épanouissant dans le travail du verre et les cours de tai-chi, Luc s’occupant à construire un abri pour y élever des escargots, les deux quinquagénaires voient débarquer un jeune couple, Fred (Yannick Choirat), Marisa (Sophie Guillemin), leur ado Samuel (Simon Zampieri) et leurs deux chiens. Ils n’ont pas à attendre longtemps pour comprendre qu’ils peuvent mettre un terme à leur rêve de zénitude, saboté jour après jour par leurs voisins, grossiers et sans gêne.

Guerre des nerfs

La situation pouvait prêter à la caricature, le couple de bobos aux tenues chic décontracté, buvant du vin de producteur en lisant devant un feu de cheminée face aux rustauds grande gueule carburant à la bière. Or, Sandrine Veysset et Virginie Despentes livrent une observation fine de cette confrontation entre deux foyers que tout oppose, s’attachant à la dégradation progressive que la promiscuité provoque sur la relation entre Luc et Carole. Tandis que lui choisit de faire l’effort de partager quelques moments avec ces encombrants voisins, embauchant même leur fils pour des travaux de bricolage, elle ne peut réprimer son dégoût face à des gens dépourvus d’éducation.

Portée par des dialogues efficaces, la réalisation enchaîne les courtes séquences qui sont autant de coups portés à la sérénité que les Parisiens pensaient avoir trouvée dans leur petit coin de nature. Les comédiens excellent dans l’interprétation de leur personnage, notamment Jonathan Zaccaï en gars un peu pleutre surtout soucieux d’éviter les tensions et Sophie Guillemin en rustaude qui en rajoute dans la grossièreté pour exaspérer sa voisine bourgeoise.

On s’en doute, la guerre des nerfs ira croissant, le film, commencé comme une fable grinçante sur le mépris de classe, prenant au fur et à mesure de sa progression des allures de thriller. On pense alors au long-métrage de Rodrigo Sorogoyen, As Bestas (2022), sur un couple de néoruraux incarnés par Marina Foïs et Denis Ménochet, poussés à bout dans une Galice hostile. Là, c’est dans les vignobles que l’affaire finira par se régler.

Les Malvenus, de Sandrine Veysset (Fr., 2024, 95 min). Avec Géraldine Pailhas, Jonathan Zaccaï, Yannick Choirat, Sophie Guillemin, Simon Zampieri.

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