samedi, mai 11

Il y a de la joie, de la douceur et de l’espoir dans les photographies prises par Janette Beckman au tournant des années 1980 et présentées dans l’exposition « Rebels » au Musée de la photographie d’Amsterdam (FOAM), à partir du 10 mai. On y voit le rappeur LL Cool J adolescent, fier comme Artaban avec son ghetto blaster géant. Ou le membre fondateur du groupe de hip-hop Run DMC, Jam Master Jay, avec son petit garçon dans les bras, le rappeur Ice Cube, souverain, dans son quartier d’Inglewood, à Los Angeles, ou encore le bassiste de The Clash, Paul Simonon, saisi dans sa loge dans un moment de fatigue mélancolique.

« Mon superpouvoir, annonce Janette Beckman de New York, c’est de gagner rapidement la confiance des gens. Je ne travaille pas comme Annie Leibovitz, avec une équipe, des spots et des décors compliqués… J’aime la lumière du jour, je demande aux modèles de se placer à l’endroit qui leur convient et je ne les fais pas beaucoup poser. »

Cette Londonienne qui a grandi en se rêvant peintre et idéalisait David Hockney découvre sa vocation presque par hasard, voire par dépit. « Je me suis inscrite en école d’art pour apprendre à peindre des portraits, mais je n’étais pas assez bonne. » Elle s’essaie à la photographie, en format carré. Elle rencontre son premier succès en 1979 : dans la rue, elle tombe sur des jumeaux noirs tirés à quatre épingles. Prise sur le vif, l’image nommée The Islington Twins l’impose comme une jeune portraitiste à suivre.

« Une femme, blanche, pas très intimidante »

Engagée par Melody Maker et The Face, les deux magazines les plus influents de la scène culturelle britannique, elle immortalise Boy George, le chanteur de Culture Club, et Debbie Harry, de Blondie, ou les groupes The Clash et The Specials. En 1983, elle s’installe à New York et part sur les traces d’une autre contre-culture naissante : le hip-hop. « Je suis une femme, blanche, pas très intimidante, avec cet accent anglais… Tout le monde a immédiatement été très cool avec moi », se souvient-elle. « Protégée par [s]on ignorance », elle photographie les personnages d’un gang d’East L.A. ou part rencontrer les membres de Run DMC dans le Queens, quartier alors très dangereux.

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Janette Beckman s’est lancée avec la conviction que ces nouveaux genres musicaux avaient « le pouvoir de tout changer ». Insatiable, elle a, ces dernières années, suivi les manifestations du mouvement activiste afro-américain Black Lives Matter, tout en se réjouissant que ses archives soient reconnues comme le témoignage d’une époque révolue. « J’ai photographié Ice Cube devant chez sa mère, Boy George dans la rue… Si on m’envoyait photographier Beyoncé aujourd’hui, elle aurait son équipe avec elle et contrôlerait chaque image. »

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