jeudi, mai 9

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Le printemps commence à pointer le bout de son nez. On voit fleurir des publicités mettant en avant divers établissements de l’enseignement supérieur. C’est une période particulière pour les étudiantes et étudiants, souvent pas encore majeurs, qui, après avoir soumis leurs vœux sur Parcoursup, devront attendre de longues semaines pour savoir de quoi seront faites leurs journées à partir du mois de septembre.

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Le marketing est l’une des approches privilégiées par les établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif pour attirer de nouveaux étudiants. Leur public cible est composé en grande partie d’étudiants dits « de première génération », dont les parents ne possèdent pas de diplôme du supérieur et dont le cadre de vie familial et scolaire offre peu d’accès à une information complémentaire concernant les possibilités offertes après l’obtention du baccalauréat.

Aspirant à profiter de l’ascenseur social proposé par l’enseignement supérieur, ils sont facilement persuadés d’intégrer un grand groupe privé à but lucratif grâce à ces campagnes de communication qui jouent sur l’exploitation émotionnelle de leur vulnérabilité, en lien avec le manque de réactivité administrative de Parcoursup, en proposant une inscription quasi instantanée et dans un espoir d’une vie meilleure. Pour ces établissements, une communication bien ficelée sera, dès lors, plus attractive que de proposer des programmes de formation de qualité, souvent difficilement lisibles pour les non-initiés et, qui plus, est très coûteux à mettre en place.

Intégration plus laborieuse sur le marché du travail

Lors des résultats d’une enquête publiée en décembre 2022, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a remarqué des anomalies récurrentes dans la communication de la majorité des établissements à but lucratif contrôlés, une nette augmentation par rapport à une enquête initiale menée en 2013. Ces manquements, qualifiés de frauduleux dans de nombreux cas, concernent des pratiques commerciales trompeuses, des abus dans l’usage de termes protégés sans en avoir l’habilité, ou des faux avis écrits par leurs propres employés sur Google.

A cela s’ajoutent des questions ouvertes concernant la qualité des programmes proposés. Malheureusement, ici, nul ne peut en répondre. En l’état actuel, le système de données français ne permet pas de croiser avec précision les données d’inscription dans l’enseignement supérieur et les données du marché du travail afin d’évaluer quantitativement le lien causal entre les programmes proposés dans le supérieur et l’insertion sur le marché du travail. Un travail tel que celui publié en janvier par France Stratégie en partenariat avec l’Institut des politiques publiques pour évaluer la réforme de l’apprentissage n’est malheureusement possible que pour certaines formations. Il ne peut pas être étendu à celles proposées par les grands groupes privés actifs en France (Galileo Global Education, Omnes Education, Eduservices ou Ionis Education Group), dont dépend plus de la moitié des recettes perçues.

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