lundi, mai 20

La police est une nouvelle fois entrée dans la Sorbonne, le 7 mai au soir, pour évacuer d’un amphithéâtre 86 étudiants rassemblés en solidarité avec Gaza. Moins de vingt-quatre heures après les déclarations du premier ministre, Gabriel Attal, selon lequel il n’y aura « jamais de droit au blocage » dans les universités françaises, ces interpellations font suite à deux autres, le même jour, de deux étudiants de Sciences Po, alors qu’une centaine de militants du comité Palestine cherchaient à bloquer l’accès à l’école.

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Les étudiants de la Sorbonne ont été placés en garde à vue pour « dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction-dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement », détaille le parquet de Paris.

Dans un message posté sur X mardi soir, la ministre de l’enseignement supérieur a affirmé que « plusieurs agents publics ont été violemment bousculés et pris à partie par un groupe d’individus qui espéraient occuper la Sorbonne ». « Le rectorat va porter plainte sans délai », a ajouté Sylvie Retailleau.

Rassemblement devant l’Hôtel de Ville pour protester contre l’arrestation d’étudiants à la Sorbonne, mardi, et en soutien à la Palestine, à Paris, le 8 mai 2024.

A la mi-journée, mercredi, quelque 150 personnes se sont retrouvées place de l’Hôtel de ville, à Paris, pour dénoncer une « réponse toujours plus policière » au mouvement propalestinien et exiger la remise en liberté des militants interpellés. Plusieurs dizaines restaient encore en garde à vue près de quinze heures après leur arrestation.

« Soit en garde à vue, soit au garde-à-vous »

Libérée à 11 heures, après une nuit passée au commissariat du 3e arrondissement, Jéhanne (elle n’a pas souhaité donner son nom, comme tous les étudiants cités par leur prénom), étudiante en philosophie à l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, a rapporté au Monde avoir été témoin de « violences exercées par les vigiles de la Sorbonne », avant l’arrivée de la police. « Une étudiante a eu la lèvre fendue, une autre une dent cassée », précise-t-elle.

« On savait que le blocage de la Sorbonne était une entreprise risquée mais on avait imaginé un élan démocratique de la part de la direction de l’université. Il n’en a rien été », poursuit-elle, indiquant que les étudiants interpellés avaient été « éparpillés dans plusieurs commissariats ». La jeune femme, ainsi que neuf autres militants, se sont retrouvés « à côté d’interpellés pour violences aggravées avec arme, c’est absolument disproportionné de nous avoir mis là », s’alarme-t-elle.

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