lundi, mai 20
Des Arméniens bloquent une route à l’extérieur de la ville de Tavouch, près de la frontière avec l’Azerbaïdjan, le 26 avril 2024. Des dizaines de manifestants ont bloqué plusieurs routes à travers le pays, y compris dans la capitale, Erevan, pour protester contre les concessions territoriales faites par leur gouvernement à l’Azerbaïdjan.

Le cortège espère être rejoint par des milliers de personnes lors de son arrivée à Erevan, jeudi 9 mai. Quelque 500 Arméniens ont commencé, cinq jours plus tôt, une marche à travers le pays jusqu’à la capitale pour s’opposer aux concessions territoriales de leur gouvernement à l’Azerbaïdjan depuis le début, le 23 avril, du processus historique de démarcation de la frontière entre ces deux ex-républiques soviétiques.

Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a accepté de remettre à son voisin quatre zones entourant des villages frontaliers dans la région de Tavouch, que les forces d’Erevan avaient saisis après la première guerre dans le Haut-Karabakh (1988-1994), ce qui avait contraint leurs habitants azerbaïdjanais à fuir. Cette région frontalière a un intérêt stratégique pour l’Arménie, en raison notamment du passage de l’axe routier avec la Géorgie et d’un gazoduc russe.

« Ce processus de démarcation de la frontière est illégal, affirme au Monde le meneur de la marche, Bagrat Galstanian, archevêque de la région du Tavouch, touchée par ces modifications territoriales. Notre mouvement [baptisé « Tavouch au nom de la patrie »] a commencé dans les villages touchés, mais, à terme, c’est toute l’Arménie qui est menacée. » Bagrat Galstanian, qui précise que le mouvement « n’est pas religieux », fustige des concessions « unilatérales », rappelle que « la Constitution prévoit d’organiser un référendum pour modifier le territoire » et déplore que « ces concessions aient été faites sous la menace de Bakou ». « Quand Nikol Pachinian est venu voir les villageois, il y a deux mois, il leur a dit très clairement : “Si l’on ne fait pas ce processus de démarcation, on aura une nouvelle guerre avec l’Azerbaïdjan.” C’est une façon de leur faire porter la responsabilité d’un conflit », s’indigne-t-il.

Erevan en position de faiblesse

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a assuré fin avril qu’un accord de paix avec l’Arménie était « plus proche que jamais ». Mais les craintes d’une nouvelle guerre restent très vives, alimentées par les affrontements armés qui éclatent régulièrement à la frontière. Nikol Pachinian estime que des compromis avec Bakou sont nécessaires pour éviter un nouvel embrasement. D’autant que l’Arménie, en position de faiblesse, ne peut plus compter sur l’aide de la Russie, son allié traditionnel, resté passif lors de l’offensive azerbaïdjanaise en septembre 2023 au Haut-Karabakh et désormais considéré comme un traître.

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En plus de trente ans, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré trois guerres pour le contrôle de l’enclave disputée du Haut-Karabakh, que les Arméniens considèrent comme le berceau de leur patrie. Après sa victoire lors de la première guerre, Erevan a essuyé une défaite écrasante lors de la deuxième, à l’automne 2020. La dernière, survenue à l’issue de l’offensive éclair de Bakou en septembre 2023, a conduit à la perte du Haut-Karabakh et à l’exode forcé des quelque 120 000 Arméniens qui y vivaient.

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