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Le groupe Johnny Mafia, à Paris, le 25 octobre 2023.

Durant longtemps en France, il n’y eut de la place que pour un seul Johnny dans le rock, feu Jean-Philippe Smet (1943-2017). Mais voilà que depuis quelques années en émergent, dans l’Hexagone, de drôles de nouveaux – Johnnie Carwash, Johnny Montreuil, et puis nos préférés, Johnny Mafia. Pour ces derniers, le lien avec l’ex-idole des sixties s’arrête là. Ce fougueux quatuor originaire de Sens (Yonne) a plutôt été biberonné aux guitares rageuses et dissonantes de Nirvana et Ty Segall. Des musiciens d’une génération décomplexée de l’anglais, qui, à l’instar de leurs compatriotes Slift, Lysistrata, Mars Red Sky ou Hangman’s Chair, n’ont pas peur de faire du bruit hors de leurs frontières.

Dans le quartier parisien de Belleville, le rendez-vous est pris dans une brasserie de la paisible place Sainte-Marthe, à quelques pas du studio d’enregistrement où s’est élaboré leur quatrième album, 2024 : année du dragon. L’allure décontractée, sans apparat rock ostentatoire, les Johnny Mafia pourraient facilement être confondus avec des lycéens du quartier. Entre les quatre camarades, les rires complices fusent, même si Enzo, le batteur et benjamin de la bande, semble couver une bonne fièvre.

Voilà déjà quatorze ans que le quatuor s’est formé, lors de la rentrée en 2de de Théo (chanteur et guitariste), aujourd’hui âgé de 30 ans ; William (29 ans, basse) et Fabio (26 ans, guitare), alors futurs bacheliers « économique et social ». Enzo (24 ans), le troisième batteur, les rejoindra cinq ans plus tard. Un groupe de potes de lycée, comme tant d’autres, jouant dans tous les bars qui veulent bien les accepter, voire les campings. Dès le départ, l’objectif est de forger leur propre répertoire de compositions originales.

« On écrivait une chanson à chaque répétition, ça sonnait un peu plus punk », se remémore Fabio. « A chaque fois qu’on a joué des reprises, c’était par obligation, renchérit Théo. Nous sommes assez mauvais dans cet exercice, au fond, on préfère composer. » La MJC de Sens organise alors chaque année des tremplins, l’occasion pour les apprentis rockeurs de choisir leur camp. « Autour de nous, il y avait des groupes locaux qu’on aimait bien, ceux qui écrivaient leurs propres chansons, et puis d’autres qu’on aimait moins, ceux qui ne faisaient que des reprises à la Fête de la musique. »

Plus de 450 concerts

« Sens, capitale du monde » : telle est la petite blague récurrente de ces garçons qui finissent par se faire remarquer, en 2014, aux Inouïs du Printemps de Bourges, qui met en lumière des musiciens émergents. Deux ans plus tard, ils sont accompagnés par l’Opération Iceberg, dispositif des Eurockéennes de Belfort également centré sur les révélations, qui leur permet de sortir Michel-Michel Michel (2016), premier album où les influences de la scène garage rock américaine se font sentir (Ty Segall, Thee Oh Sees, Jay Reatard).

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