vendredi, mai 17
« L’Olympiade des olympiades », d’après Vivaldi, à Nice, le 28 avril 2024.

Loin de la morosité ambiante, l’Opéra Nice Côte d’Azur affiche, en cette quasi-fin de saison, un bilan qui réjouit à bon droit son directeur, Bertrand Rossi. L’ère postcovidienne note une fréquentation globale de 84 %, dont 93 % pour les opéras, une hausse de 10 % des abonnés et de 24 % des places vendues, le renouveau du public n’étant pas en reste, puisque sur 23 % de nouveaux spectateurs plus d’un quart (27 %) a moins de 26 ans.

Il faut dire que la maison d’art lyrique met en œuvre une politique culturelle capable de drainer le plus grand nombre. Ainsi cette Olympiade des olympiades, présentée du 30 avril au 4 mai, qui rassemble autour de Vivaldi danse classique et hip-hop, musiciens baroques et orchestre philharmonique, vidéos et captations filmées en direct, sans oublier une pléiade de jeunes chanteurs. Le tout est confié, pour la baguette, au fringant Jean-Christophe Spinosi et, pour la mise en scène, au chorégraphe Eric Oberdorff.

Dans une salle de théâtre transformée en stade olympique, mêlant tribunes de public (dont une partie sur la scène) et de musiciens scindés en deux équipes, chanteurs et danseurs évoluent sur une piste de course, vêtus d’équipements sportifs, tandis que, dans la ville, une délégation d’escrimeurs porteurs de flamme (l’OGC Nice Escrime, dont certains sont médaillés olympiques) parcourt la ville, ouvrant l’espace poétique d’une tombée de la nuit qui s’incruste par intervalles sur un écran en fond de scène.

Commentatrice sportive

Tiré de L’Olimpiade (1733), de Vivaldi, ce pasticcio (« mélange d’extraits d’ouvrages ») a été concocté par la famille Spinosi. Au frère chef d’orchestre, outre Vivaldi, une partition qui fait défiler Galuppi, Pergolèse, Sarti, Caldara, Traetta, Perez, Hasse, Mozart. A sa sœur, Nathalie Spinosi, la trame dramatique dérivée du synopsis original de Métastase, dont le livret à succès servit une soixantaine d’opéras jusqu’au début du XIXe siècle. Passablement complexe, la dramaturgie est explicitée par la comédienne Anaïs Gournay, maîtresse de cérémonie façon commentatrice sportive, les airs appartenant naturellement aux musiciens et chanteurs. Sont invoqués la déception amoureuse, le sens du devoir et du sacrifice, des valeurs du sport (et de l’appât de la victoire, fût-ce au prix de la tricherie) et, surtout, de la place de la femme, soumise aux lois du patriarcat.

Le trophée des jeux n’est autre, en effet, que la main de la princesse Aristea, promise par son père, le roi Clistene, organisateur de la compétition, au vainqueur Licida, lequel n’a pas concouru, frauduleusement remplacé par son ami Megacle. Mais le cœur du trop généreux athlète bat pour la princesse, qui l’aime en retour. Souffrance générale, y compris pour l’amoureuse Argene, éprise en secret de Licida. Bien sûr, la supercherie sera découverte, et l’usurpateur, un temps condamné à mort, finalement gracié. Liesse générale, que redouble l’entrée des porteurs de flamme olympique dans l’espace scénique pour un tour de piste.

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