vendredi, mai 17
Des manifestants prennent part à un rassemblement contre le projet de loi sur l’« influence étrangère » à Tbilissi, en Géorgie, le 2 mai 2024.

Le projet de loi géorgien sur l’« influence étrangère » inquiète la France, les Etats-Unis et l’Organisation des Nations unies (ONU). Jeudi 2 mai, le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a demandé le « retrait » du texte en cours d’examen au Parlement de la Géorgie et a dit son inquiétude de l’usage « disproportionné de la force » contre ceux qui s’y opposent.

« J’exhorte les autorités géorgiennes à retirer ce projet de loi et à engager un dialogue, notamment avec la société civile et les médias », a affirmé M. Türk dans un communiqué, estimant que « qualifier les ONG et les médias bénéficiant de financements étrangers d’“organisations agissant dans l’intérêt d’une puissance étrangère” constitue une menace sérieuse pour les droits à la liberté d’expression et d’association ». « Je suis préoccupé par les informations faisant état d’un recours inutile et disproportionné à la force par les forces de l’ordre contre des manifestants et des professionnels des médias à Tbilissi, la capitale géorgienne, cette semaine », a souligné M. Türk.

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La France a, de son côté, condamné la répression des manifestations en Géorgie et a appelé les autorités géorgiennes « à faire respecter le droit à manifester pacifiquement ainsi que la liberté de la presse ». Paris « réitère sa vive inquiétude » concernant le projet de loi, qui va « à l’encontre des valeurs sur lesquelles est fondée l’Union européenne et auxquelles le peuple géorgien a montré son profond attachement », a souligné Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère des affaires étrangères français.

Les Etats-Unis, eux, se disent « profondément préoccupés » par le texte. « Nous sommes profondément préoccupés par cette législation, par les conséquences qu’elle pourrait avoir en matière d’étouffement de la dissidence et de la liberté d’expression », a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif. La Géorgie compte « une société civile vibrante » qui « joue un rôle essentiel de lutte contre les excès du gouvernement » et « nous n’aimerions pas voir avancer quoi que ce soit d’un point de vue législatif qui (…) rendrait plus difficile l’expression du peuple géorgien », a-t-il ajouté.

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Adoption définitive d’ici à la mi-mai

Depuis le 9 avril, des dizaines de milliers de manifestants protestent contre le projet de loi controversé sur l’« influence étrangère », adopté en deuxième lecture par le Parlement malgré la mobilisation massive de ses détracteurs. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a réintroduit ce projet de loi perçu comme une entrave aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l’Union européenne.

Les députés ont voté mercredi (83 pour et 23 contre) ce texte que le Rêve géorgien compte adopter définitivement d’ici à la mi-mai, malgré trois semaines de mobilisation dans la rue de ses opposants.

Le texte, sévèrement critiqué par l’Union européenne ou les Etats-Unis, doit encore passer une troisième lecture, et la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir, devrait y mettre son veto. Le Rêve géorgien dispose cependant d’assez de voix pour pouvoir passer outre.

Le Monde avec AFP

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