samedi, avril 27
Le premier ministre, Gabriel Attal, et la ministre déléguée chargée de l’agriculture, Agnès Pannier-Runacher, au Salon de l’agriculture, à Paris, le 27 février 2024.

En plein Salon international de l’agriculture, le gouvernement défend la viande. Quelques jours après l’avoir annoncé dans son « plan de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage », le gouvernement a publié, mardi 27 février, un décret au Journal officiel interdisant l’appellation « steak végétal ». Avec ce veto sémantique, l’exécutif accède à une revendication portée de longue date par les acteurs des filières animales. Dans un message sur X, le premier ministre, Gabriel Attal, l’a justifié comme une réponse à « une demande de nos éleveurs ».

Ce texte, présenté il y a quelques mois déjà, avait été notifié à la Commission européenne en août 2023. Il fait suite à une précédente tentative, finalement avortée, de faire interdire les termes traditionnellement associés à la viande pour désigner des produits végétaux. Un décret publié en juin 2022 avait, en effet, été suspendu un mois plus tard par le Conseil d’Etat.

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Le nouveau texte comporte une liste de vingt et un termes « dont l’utilisation est interdite pour la désignation de denrées alimentaires comportant des protéines végétales », parmi lesquels « steak », « jambon » ou « escalope », mais aussi « tendron », « onglet » ou « hampe ».

Exit les termes de « lardons végétaux »

Il établit une seconde liste d’une centaine de préparations et recettes charcutières – dont « bacon », « boudin », « lardon », « nugget », « saucisse », « terrine »… – qui ne pourront comporter qu’une teneur maximale en végétaux (de 0,5 % à 5 % autorisés selon les catégories). Exit donc les termes de « lardons végétaux », « knacks végétaux » ou « rillettes végétales », qui vont devoir, à moins d’un recours judiciaire, changer de nom.

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L’interdiction ne porte que sur les productions françaises, les importations ne seront pas concernées et une période de transition d’un an est prévue pour écouler les stocks existants. La marque de substituts végétaux Happyvore – qui compte parmi ses investisseurs Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du groupe Le Monde –, dénonce une disposition entraînant une concurrence déloyale. « Cette mesure crée une inégalité de traitement entre les entreprises françaises et étrangères, entravant ainsi la concurrence et l’innovation sur le marché des alternatives végétales. » L’entreprise La Vie, autre marque de similicarnés, a regretté une mesure « en total décalage avec les ambitions » climatiques.

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La Fédération nationale bovine a, en revanche, salué un décret « très attendu » et « essentiel pour la protection de la dénomination ». La France est le premier pays européen à légiférer sur cette question sensible des désignations des substituts végétaux à la viande. En octobre 2020, le Parlement européen avait largement retoqué un texte visant à interdire ces appellations, à l’exception des simililactés, qui se sont vu prohiber d’employer les termes de « lait », « yaourt » ou « fromage ».

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