jeudi, mai 9
Un grand tétras en pleine parade nuptiale dans les Vosges, en juillet 2008.

Il a fallu trouver en catastrophe un endroit pour les héberger. Quatre grands tétras (trois poules et un coq) ont finalement passé la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 avril dans un tunnel dans une forêt, fermé par une clôture électrique et sous la garde d’une équipe du parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges, en attendant que la justice française décide de leur sort. A l’origine, ces quatre gallinacés devaient être relâchés jeudi après-midi juste après être arrivés de Norvège, où ils ont été capturés en début de semaine.

L’opération, suspendue in extremis, devait finalement avoir lieu vendredi 26 avril, après le rejet par le tribunal administratif de Nancy du recours en référé suspension déposé par cinq associations vosgiennes, qui contestent le projet de « renforcement » du grand tétras porté par le parc. Après des dizaines d’heures de transport par la route, ces gros et lourds volatiles, appelés aussi coqs de bruyère, devaient prendre leur envol depuis la réserve naturelle nationale du massif du Grand Ventron. D’autres devraient bientôt les rejoindre, au moins sept oiseaux ayant déjà été capturés.

Dans son ordonnance, le juge des référés n’a pas retenu le caractère d’urgence du recours et a estimé que le lâcher n’était « pas susceptible de porter une atteinte suffisamment grave à la protection des oiseaux », en soulignant que « le taux de mortalité lors de telles opérations est faible ». Il a également jugé que l’introduction de ces grands tétras répondait à « un motif d’intérêt général » de préservation de la biodiversité.

Débat très vif

Cette décision de justice ne devrait toutefois pas clore le débat très vif sur ce projet controversé et sur les questions soulevées par ce recours, qui doit encore être jugé sur le fond. Ces gallinacés boréaux, prélevés à plus de 2 000 km au nord, vont-ils survivre dans le massif des Vosges ? Et surtout, leur introduction peut-elle contribuer à maintenir une population viable du plus gros oiseau forestier de France dans la région, et empêcher son extinction locale ?

C’est en tout cas ce que défendent le parc et les services de l’Etat. Lancé il y a deux ans, ce projet passe, selon ses promoteurs, par la capture de 40 oiseaux par an durant cinq ans, pour un budget de 200 000 euros. Les oiseaux prélevés en Norvège, où vivent 200 000 grands tétras, seront décomptés du quota de chasse dans le pays. Un document émanant des autorités norvégiennes, consulté par les associations et par Le Monde, évoque toutefois le chiffre de 50 oiseaux en cinq ans, soit seulement 10 par an.

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