jeudi, mai 9

TotalEnergies, pour son centième anniversaire, va-t-il s’offrir une traversée de l’Atlantique ? Son PDG, Patrick Pouyanné, a en tout cas surpris, vendredi 26 avril, en déclarant à l’agence Bloomberg étudier la possibilité de faire de la Bourse de New York la principale place de cotation du groupe pétrolier, au détriment de celle de Paris.

Rien n’est décidé, mais le processus de réflexion est lancé, s’est-il expliqué quelques heures plus tard, à l’occasion de la présentation des derniers résultats trimestriels de la compagnie. M. Pouyanné présentera ses conclusions au conseil d’administration d’ici à septembre. « Ensuite, nous verrons. »

Le choix d’une cotation « primaire » à Wall Street serait évidemment un choc pour la Bourse de Paris. Avec une valeur globale de 167 milliards d’euros, TotalEnergies est la quatrième capitalisation boursière de l’indice CAC 40 derrière LVMH (397 milliards d’euros), Hermès (247 milliards d’euros) et L’Oréal (233 milliards d’euros). Sur le marché américain, le groupe n’est coté que sous forme d’ADR (American Depositary Receipt), un « certificat de dépôt » qui permet d’acheter et vendre à Wall Street un titre coté à Paris.

Frais de change

En leur donnant accès à de « vraies » actions cotées à la Bourse de New York, TotalEnergies permettrait donc aux investisseurs nord-américains de s’épargner des frais de change entre un ADR libellé en dollars et une action en euros, tout en évitant le décalage horaire, le marché parisien fermant ses portes alors qu’il n’est que 11 h 30 du matin à New York.

Surtout, le groupe prendrait acte de l’évolution de son actionnariat, de moins en moins européen : 40 % du capital étaient aux mains d’actionnaires nord-américains fin 2023 (dont 39 % aux Etats-Unis), contre notamment 26 % en France et 18 % dans le reste de l’Europe.

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La tendance est plus nette encore pour les seuls investisseurs institutionnels, qui détiennent un peu plus des trois quarts du capital : les Américains possèdent 48 % des actions contre 18 % seulement pour les Français. A lui seul, le géant de la gestion de fonds BlackRock possède 6,5 % du capital du groupe, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière les salariés de l’entreprise (7,4 %).

Et ce mouvement de bascule ne fait que s’amplifier, souligne M. Pouyanné. « Les actionnaires américains achètent des actions… et ce n’est pas tout à fait la même chose pour les actionnaires européens, a-t-il expliqué aux analystes financiers vendredi. Il me semble normal d’aller dans la direction d’une base actionnariale qui croît. »

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