mardi, avril 30
Frappe israélienne sur Gaza, le 16 février 2024.

Nous avons vu la semaine dernière que la seule alternative à la spirale destructrice dans laquelle le Moyen-Orient s’enfonce sous nos yeux, avec d’incalculables répercussions internationales, réside dans l’établissement d’un Etat palestinien qui serait la meilleure garantie de sécurité d’Israël. Une telle perspective est naturellement refusée avec virulence par les va-t-en-guerre des deux camps qui préfèrent entretenir l’illusion mortifère de la possibilité d’une défaite de l’ennemi déclaré. Cette illusion est sans doute aujourd’hui le principal obstacle à la paix, en ce qu’elle alimente un cycle de violences toujours plus atroces, chaque camp prétendant n’agir qu’en « représailles » à la violence de l’autre. L’expérience historique démontre au contraire que le conflit israélo-palestinien, loin d’être un jeu à somme nulle où les gains de l’un sont gagés sur les pertes de l’autre, ne pourra être réglé que par la conciliation des aspirations nationales des deux peuples. Pour clarifier d’aussi terribles enjeux, on continuera de poser, pour chaque question fondamentale d’un règlement éventuel, les éléments d’une alternative dont un seul terme est retenu.

Quel partenaire palestinien pour la paix avec Israël, ?

Israël a longtemps refusé toute forme de négociation avec les « terroristes » de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), pourchassés sur la terre entière et accusés de faire « couler le sang juif ». Des gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, ont alors affirmé pouvoir régler la question palestinienne avec la seule Jordanie, à l’exclusion de tout représentant palestinien authentique. Une telle « option jordanienne » s’est effondrée en 1988, du fait de la première Intifada, ce soulèvement pacifiste, au nom de l’OLP, de la population palestinienne des territoires occupés. Yitzhak Shamir, le premier ministre du Likoud, a pourtant imposé, en 1991, que les Palestiniens n’aient pas de délégation indépendante à la conférence de paix conviée par les Etats-Unis à Madrid. Non seulement ces Palestiniens siégeaient au sein d’une délégation jordano-palestinienne, mais ils devaient n’avoir aucune attache officielle avec l’OLP, ne pas être des réfugiés ni résider dans le territoire occupé de Jérusalem-Est. Ce diktat israélien a de fait condamné ces premiers pourparlers à l’impasse, contraignant Yitzhak Rabin, le successeur travailliste de Shamir, à ouvrir en 1993, en Norvège, un canal secret de négociations directes avec l’OLP.

Les deux « accords d’Oslo », conclus en quelques mois de 1993, portent, le premier, sur la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP, le second sur l’établissement d’une Autorité palestinienne (AP) sur les territoires évacués par Israël. Autant ce second accord a généré frustration et crises, du fait des violences qui ont émaillé les retraits relativement limités de l’armée israélienne, alors même que se poursuivait la colonisation, autant le premier de ces accords doit être préservé à tout prix. Il constitue en effet le socle d’une réconciliation historique entre le nationalisme israélien et le nationalisme palestinien dont l’OLP est reconnu depuis 1974 comme le « représentant unique et légitime ». En revanche, les négociations avec l’AP et son « gouvernement » ne peuvent mener qu’à une impasse puisque l’AP n’est elle-même que le produit d’un accord entre Israël et l’OLP. Il est en outre exclu qu’Israël accepte de négocier avec le Hamas qui a lui-même exclu, à ce stade, de reconnaître Israël. La seule formule viable est donc celle qui avait été scellée lors des accords de « réconciliation » entre l’OLP et le Hamas en 2011, 2014 et 2021 : le mouvement islamiste accepte par avance, au nom d’un « consensus national », le fruit des négociations entre Israël et l’OLP, négociations que le premier ministre Nétanyahou a alors vidées de toute substance, faisant ainsi le jeu du Hamas.

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