vendredi, mai 3
Gabrielle (Alice Isaaz) dans « Vivants », d’Alix Delaporte.

L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

Genre plus américain que français, le film de journalisme tangue souvent entre deux tendances : soit on s’y attelle pour révéler le cynisme d’une pratique où toutes les falsifications et coups sont permis ; ou, à l’inverse, pour montrer qu’il n’y a pas plus idéaliste et démocrate qu’un journaliste. On pourrait ranger Vivants dans cette dernière catégorie : le film observe l’ébullition d’une rédaction à travers le regard d’une nouvelle venue, Gabrielle (Alice Isaaz), ancienne guide de haute montagne qui décroche un stage de cadreuse au sein de l’équipe d’une prestigieuse émission de reportages.

Catapultée sans ménagements, Gabrielle apprend sur le tas, fait du terrain, se frotte à des ténors qui doivent jongler entre l’idée très haute qu’ils se font de leur métier et les directives venues d’en haut : la menace de plus en plus concrète de coupes budgétaires qui obligent la rédaction à délaisser peu à peu l’actualité internationale.

Pas de salle de rédaction digne de ce nom sans un casting bien senti : Pascale Arbillot, Roschdy Zem, Vincent Elbaz, Pierre Lottin et Jean-Charles Clichet. Alix Delaporte réunit des acteurs venus d’horizons très différents et qui, collectivement, mettent le film en mouvement, lui insufflent son énergie.

Métier dépolitisé

Là où le bât blesse, c’est dans la très – trop – haute image, que se fait la réalisatrice du journalisme. Sous couvert d’hagiographie, c’est la précision du geste qui manque à Vivants : on pourrait être ici tout aussi bien dans la rédaction d’un quotidien régional ou dans celle d’une chaîne d’info en continu, un journal de gauche ou de droite. Le traitement de l’information, la ligne éditoriale et la manière dont on traite le réel sont autant de problématiques centrales qui manquent au récit.

Vivants semble penser que journaliste est un métier parfaitement neutre, dépolitisé. Il est aussi étrange que tout soit traité sur le même registre et par la même équipe : une virée à la Fashion Week comme un reportage à Sarajevo. Etrange film qui nous plonge dans les coulisses d’un métier sans jamais réellement nous montrer de quoi il est fait. C’est qu’en prenant le parti de l’admiration inconditionnelle, Alix Delaporte délaisse la réalité du métier au profit d’un mirage : le journaliste n’aurait que des vertus. C’est un peu trop beau pour être vrai.

Film français d’Alix Delaporte. Avec Alice Isaaz, Roschdy Zem, Pascale Arbillot (1 h 25). distrib.pyramidefilms.com

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