vendredi, mai 17
La gouverneure démocrate d’Arizona, Katie Hobbs, après avoir signé l’abrogation de la loi de 1864 sur l’avortement, à Phoenix (Arizona), le 1ᵉʳ mai 2024.

La loi de 1864 sur l’avortement a finalement été abolie en Arizona. A la troisième tentative, les élus républicains se sont résignés à abandonner le projet de soumettre les femmes à un corset législatif datant de l’époque où Abraham Lincoln (1809-1865) était président. La gouverneure démocrate, Katie Hobbs, a promulgué l’abrogation jeudi 2 mai.

Deux sénateurs républicains ont rompu avec la discipline de parti et voté avec les démocrates, le 1er mai, pour invalider cette loi qui interdit pratiquement totalement l’avortement. Trois républicains avaient eu la même audace une semaine plus tôt. Les renégats ont essuyé les foudres de l’un des extrémistes en chef de l’Arizona, Anthony Kern, qui est toujours membre du Sénat, bien qu’il ait trempé dans le complot de 2020 pour attribuer à Donald Trump les grands électeurs remportés par Joe Biden lors de l’élection présidentielle. L’élu a comparé l’avortement aux pratiques nazies, et appelé à une intervention divine. « Notre seul espoir, c’est Jésus », a-t-il signifié.

Le texte était revenu à l’honneur le 9 avril : la cour suprême de l’Etat l’avait alors déclaré toujours applicable car il n’avait jamais été formellement aboli, bien qu’une autre loi ait été adoptée entre-temps fixant à quinze semaines – sans exception pour viol ou inceste – le délai pour obtenir une IVG. Un exemple, un de plus, de la confusion régnant aux Etats-Unis depuis que la Cour suprême a renvoyé le droit à l’avortement au bon vouloir des Etats fédérés en juin 2022.

L’historienne Heather Cox Richardson a retracé sur son blog l’épopée du texte de 1864, à l’époque où l’Arizona n’était encore qu’un territoire. Pour essayer d’en civiliser un peu le paysage, 27 hommes se réunissent à Prescott, dans le nord de l’Etat, en septembre 1864. Leur première tâche sera d’adopter le code pénal préparé par un seul homme, le juge William T. Howell. La deuxième de permettre à l’un d’entre eux de divorcer de son épouse. Puis ils autorisent les mines et les compagnies de train à prospérer.

Le soutien de la Californie

Le code Howell visait surtout à freiner les règlements de comptes dans une population de hors-la-loi, à un moment où la guerre civile n’était pas encore terminée dans l’Union. L’avortement n’est évoqué que dans le contexte de l’interdiction pour un individu d’en empoisonner un autre ; quiconque utilise du poison ou des instruments « avec l’intention de provoquer une fausse couche chez une femme se trouvant avec un enfant » sera passible de deux à cinq ans de prison, stipule le texte. Le code ordonne encore que le témoignage des Noirs n’est pas recevable en justice, et fixe l’âge du consentement en matière de relations sexuelles à 10 ans. Et voilà le texte que révèrent les conservateurs en Arizona, insiste l’historienne sur son blog.

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