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« Pont du chemin de fer à Chatou » (1881), d’Auguste Renoir.

Monet, Pissarro, Renoir, Sisley… Les stars de l’impressionnisme paradent sur les murs du MUba Eugène-Leroy, le Musée des beaux-arts de Tourcoing (Nord), jusqu’au 24 juin, dans le cadre de l’exposition « Peindre la nature ». « On mesure le cadeau qui nous est fait », salue, les yeux brillants, la directrice, Mélanie Lerat. Le cadeau, ce sont pas moins de cinquante-huit œuvres prêtées par le Musée d’Orsay, qui, pour fêter les 150 ans de l’impressionnisme, orchestre un tour de France de ses plantureuses collections.

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Le célèbre Balcon (1868-1869), d’Edouard Manet, a été envoyé à Bordeaux, et son non moins célèbre Fifre (1866) à Montpellier. La Pie (1868-1869), de Claude Monet, vole vers Clermont-Ferrand, tandis que la Partie de bateau (1878), de Gustave Caillebotte, un trésor national acquis en 2023 pour la bagatelle de 43 millions d’euros grâce au mécénat du groupe LVMH, accoste à Nantes.

Au total, 178 œuvres sont expédiées dans une trentaine de villes, une première dans l’histoire du musée. « On joue le jeu, se félicite Christophe Leribault, l’ancien président (2021-2024) d’Orsay, désormais aux commandes du Château de Versailles. L’idée, c’était que chaque musée obtienne l’œuvre qu’il souhaitait. »

Dans le viseur de Darmanin

C’est Tourcoing qui, toutefois, a décroché le gros lot. Car le pas de deux entre la ville nordiste et le musée parisien a commencé bien avant que ne se monte le grand raout impressionniste. Les premiers échanges remontent à 2019. Gérald Darmanin, alors ministre de l’action et des comptes publics, convainc la présidente d’Orsay de l’époque, Laurence des Cars, de monter un partenariat avec le MUba de Tourcoing, une ville dont il a occupé le fauteuil de maire de 2014 à 2017 – avant de le céder pour cause de cumul des mandats.

L’actuel ministre de l’intérieur sait qu’il doit son ascension politique à sa victoire aux élections municipales de 2014, qui a fait basculer l’ancien bastion socialiste à droite. Il n’ignore pas non plus qu’une stature nationale passe par un succès local. L’élu revient toujours sur ses terres, convaincu de distinguer ce qui marche et ne marche pas, y compris en matière culturelle.

Dans le quotidien régional La Voix du Nord, Gérald Darmanin avait posé en 2018 ce diagnostic cassant : « Tourcoing n’a jamais su choisir entre Le Fresnoy [à la fois centre d’enseignement et de diffusion des arts contemporains], Le Grand Mix [salle de concerts], le musée, l’Atelier lyrique… Et donc elle ne s’est pas forgé une identité. » A son arrivée aux manettes, en 2014, il avait voulu imprimer sa marque, en prenant les milieux culturels à rebrousse-poil.

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