lundi, mai 6
Josépha « Princess » Madoki au Musée d’Orsay, le 29 mars.

« Le waacking, c’est une manière de se créer un personnage, de se raconter des histoires, de se réinventer. Le temps de la danse, on est une princesse. » Et voilà comment la danseuse et chorégraphe Josépha Madoki s’est intronisée « Princess » Madoki. Un titre de noblesse qu’elle arbore tout sourire et avec grâce pour vanter cette danse de libération dont elle ne cesse d’additionner les mérites. « Je me suis trouvée en tant que femme et artiste grâce au waacking, précise-t-elle. Il met en lumière la féminité, quel que soit le genre de la personne. »

Cette version amplifiée d’elle-même, Josépha Madoki, 42 ans, qui présente son spectacle D.I.S.C.O. (Don’t Initiate Social Contact with Others), ainsi qu’une battle de waacking du 26 au 28 avril au Musée d’Orsay, à Paris, la doit à un choc. En 2005, celle qui a déjà accumulé des apprentissages variés depuis l’âge de 10 ans dont celui du jazz, du hip-hop et du classique, participe à la battle réputée « Juste Debout », à Paris. Une des juges de la compétition, la championne japonaise Yoshie Koda, fait une démo dans laquelle elle introduit des mouvements de waacking. « J’ai été époustouflée par son travail des bras, se souvient-elle. Je me demandais vraiment comment elle faisait. Ça a été le début de mon amour pour ce style. »

Mais d’où vient donc ce waacking ? Il surgit dans les années 1970, au cœur des boîtes de nuit de Los Angeles où se réfugie la communauté gay afro-latino. « Ils avaient trouvé un espace safe pour s’exprimer, raconte Josépha Madoki. Ils ont créé cette danse glamour inspirée par le cinéma hollywoodien et ses stars comme Greta Garbo et Marilyn Monroe, mais aussi les dessins animés et les arts martiaux que ces hommes, très jeunes pour la plupart, appréciaient. »

« J’ai dansé ma vie, ce soir-là »

Sur des tubes disco, le mouvement s’envole au gré d’une formidable vélocité des bras. « C’est, entre autres, l’utilisation du nunchaku qui a inspiré ces gestes, poursuit-elle. Rien ne sort de nulle part. » Quant au mot wack, il recouvre deux choses : une onomatopée venue des comics représentant un coup porté, et un terme argotique signifiant « tu crains ». Ces deux influences, et notamment la seconde, ont donné son nom au mouvement. « C’était une insulte contre la communauté gay, qui a retourné le terme en le positivant. »

Si le sida décime les waackers américains dans les années 1980, la danse revient néanmoins deux décennies plus tard. « Les survivants n’avaient plus d’endroit où aller, ni le goût de danser », ajoute-t-elle. Heureusement, certains, comme Tyrone Proctor (1953-2020), figure historique, continuent de le transmettre. En 2014, Josépha Madoki file le rencontrer à Los Angeles et suit ses cours. « J’ai beaucoup échangé avec lui car cette culture se préserve oralement. »

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