dimanche, mai 19
Rodolphe Saadé, PDG de la compagnie maritime CMA CGM, dans son bureau parisien, le 30 avril 2024.

La compagnie maritime CMA CGM inaugure à Marseille, mercredi 8 mai, en présence du président de la République, Emmanuel Macron, son centre de formation et d’innovation Tangram. Après des années 2020-2022 marquées par 40 milliards d’euros de bénéfices, le troisième armateur mondial de porte-conteneurs aborde une période plus complexe de son histoire, explique au Monde son PDG, Rodolphe Saadé.

Tangram a l’ambition de « créer le transport et la logistique durables de demain ». Manquent-ils de capacités de projection dans l’avenir ?

Le monde change très vite, et il nous fallait un lieu pour réfléchir autrement à nos métiers. Je veux que Tangram donne les outils pour appréhender les difficultés d’aujourd’hui et de demain. Qui aurait prédit le Covid-19, la guerre en Ukraine, la crise en mer Rouge ? CMA CGM a trois défis : le climat, la géopolitique et l’intelligence artificielle (IA). Avec Tangram, j’investis dans l’humain. Les collaborateurs sont la clé pour relever ces défis, accélérer notre transformation et rester dans le top 3 mondial.

J’ai pris l’engagement d’être zéro émission nette en 2050, mais il faut être lucide : ce sera difficile. J’espère qu’on aura trouvé les solutions d’ici là. Avec la crise en mer Rouge, je prends du retard, puisque les navires déroutés par le cap de Bonne-Espérance mettent deux semaines de plus entre l’Asie et l’Europe du Nord, et consomment plus de carburant.

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Parallèlement, on a investi 15 milliards d’euros dans une flotte au gaz naturel liquéfié (GNL) et maintenant au méthanol. En décembre 2023, à la COP28 de Dubaï, j’ai présenté une feuille de route élaborée avec MSC, Maersk, Hapag-Lloyd et Wallenius pour atteindre ce « net zéro ». CMA CGM a été pionnier de la décarbonation, tous les armateurs ne font pas cet effort.

Vos concurrents asiatiques ?

Oui. Depuis janvier, nous payons une taxe en Europe qui coûtera 140 millions d’euros cette année et près de 500 millions en 2026. Cette taxation doit être mondiale.

Il faut aussi que l’Organisation maritime internationale [agence de l’ONU] se prononce sur la meilleure énergie pour propulser nos navires dans le futur. Les nouveaux carburants sont deux fois plus chers que les carburants actuels et nécessitent de lourds investissements en recherche et développement (R&D). Aujourd’hui, nous investissons dans le GNL et le méthanol, demain dans l’hydrogène et l’ammoniac. Je souhaite renforcer les collaborations avec les producteurs : nous sommes prêts à nous engager sur des volumes. De son côté, l’IA nous permettra de mieux analyser les données au service des clients et d’optimiser nos manœuvres pour en limiter l’empreinte.

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