samedi, mai 18

Il s’agit de la nouvelle terre de conquête pour l’industrie musicale. Le son comme dans la vraie vie, qui vous entoure et provient de là où se déroule l’action. Bienvenue dans l’ère de l’audio 3D, appelé aussi son spatial ou binaural. Plates-formes de streaming, maisons de disques, fabricants d’appareils audio… chacun veut se différencier en proposant ce son immersif. Orange a lancé, le 11 avril, un nouveau décodeur télé (TV 6) compatible Dolby Atmos. Apple Music avait proposé, deux mois plus tôt, de rehausser la rémunération pour les artistes qui proposeraient leurs titres en son 3D, à la grande fureur des labels indépendants.

Si Dolby Atmos est le format de son spatial le plus répandu dans le monde, il devra composer en 2024 avec un nouveau venu : le son immersif, appelé IAMF (Immersive Audio Model and Formats), que promeuvent, notamment, Google/YouTube et Samsung sous forme de logiciel libre. Toutes les conditions sont réunies pour une bataille du son spatial, au moment où il se démocratise auprès du grand public, de la musique aux livres audio en passant par les podcasts, sur tous les appareils capables de restituer de l’audio, à la maison, en mobilité, au cinéma ou en concert.

Cent quarante-trois ans après la première diffusion en stéréo – le « théâtrophone » du Français Clément Ader (1841-1925) – et un siècle après le brevet de stéréophonie – déposé par l’Américain Franklin Doolittle (1893-1979) –, le son spatial, aux effets tridimensionnels (3D), se démocratise. Même le co-inventeur du MP3, Karlheinz Brandenburg, a cédé aux sirènes de l’Audio AR (une autre appellation, qui se réfère à la réalité augmentée). Pourtant, le son spatial ne date pas d’hier. La quadriphonie, appelée aussi tétraphonie, a tenté une percée dans l’analogique des années 1950 à 1970, avant d’être abandonnée. Autre échec commercial : le format Super Audio CD pour disques optiques numériques, développé à la fin des années 1990 par Sony et Philips, permettant du son multicanal dit « surround ».

Outil de navigation

A l’exception du marché du home cinéma, l’aventure s’est arrêtée il y a quinze ans. « Nous ne pensons pas que l’application principale de cette technologie soit la haute-fidélité, ce qui expliquerait l’échec des tentatives précédentes. Spatialiser le son le transforme et certains mélomanes trouvent que cela le dégrade », explique Philippe Le Borgne, PDG cofondateur de RunBlind, une start-up française spécialisée dans le son binaural utilisé comme un outil de navigation pour guider l’utilisateur dans ses déplacements par la musique qu’il écoute, une technologie destinée notamment aux malvoyants. Des capteurs de mouvement de tête (« head tracking ») sont intégrés à des écouteurs, des lunettes ou des oreillettes connectés.

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