dimanche, mai 19
Jacques Rougerie, à la Villa Noailles, à Hyères (Var), en mars 2024.

Pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JP), à Paris, vendredi 26 juillet, Jacques Rougerie sera aux premières loges. La péniche où il réside avec son épouse Sophie, où il a aussi installé son agence d’architecture il y a plus de trente ans, va rester amarrée au port des Champs-Elysées, au pied de la place de la Concorde. Avec ses collaborateurs, il sera sur le pont, coupe de champagne à la main, pour fêter l’événement, auquel ils ont tous pris leur part.

Finalistes malheureux du concours pour le centre aquatique olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ils ont remporté, avec l’agence du Marseillais Roland Carta, celui de la Marina de Marseille, où l’équipe de France de voile s’entraîne pour les JO.

« L’architecture du bâtiment n’a rien d’ostentatoire, admet-il, comme pour s’excuser. La mairie voulait quelque chose de sobre, intégré dans le contexte… Mais c’est le genre de projet qui vous rend fier. Le but, après les Jeux, c’est que les jeunes des quartiers nord s’approprient la mer, qu’ils voient le terrain de jeu magique que c’est. Pour un architecte comme moi, qui ai consacré ma vie à la mer, alors que je venais d’acheter une maison à Marseille, c’était inconcevable de ne pas arriver en haut du podium ! »

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Les années n’ont pas éteint, chez l’architecte de 78 ans, la flamme de la passion. Sa trajectoire d’enfant gâté du baby-boom l’aura certes vu évoluer d’une pratique idéaliste, portée par le désir d’habiter les fonds marins et de coloniser l’espace, à une production gravitationnelle ancrée dans le béton et conforme aux règles du marché. L’esthétique pop de ses vaisseaux en forme de méduse ou d’hippocampe, de ses bases sous-marines sorties d’une BD de science-fiction et de ses autres villes flottantes au profil de monstres marins – que l’on peut encore voir, jusqu’au 12 mai, dans le cadre de la splendide exposition « Habiter avec la mer » que lui consacre la Villa Noailles à Hyères (Var) –, appartient certes aujourd’hui à l’histoire.

S’il a réussi à construire une petite fraction de tout ce qu’il a imaginé dans les années 1970, sa production se concentre aujourd’hui sur des piscines, des centres consacrés à la mer – le Pavillon de la mer à Osaka-Kobé, au Japon ; l’Océanopolis à Brest ; Nausicaa à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)… –, des villages de vacances, voire des aéroports.

Explorateur dans l’âme

Mais Jacques Rougerie reste un « mérien », pour reprendre ce néologisme de son cru, qui désigne ceux qui se sentent mieux dans l’eau que sur la terre ferme. Son casque de cheveux blancs impeccablement modelé, l’épée d’académicien qu’il porte à la boutonnière, la rosette de la Légion d’honneur qui lui fait des papouilles ne changent rien à l’affaire : quand il commence à parler de la mer, son corps se tend, des étoiles s’allument dans ses yeux, il se met à vibrer.

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