samedi, mai 18
Lisa Azuelos, à Paris, en janvier 2023.

On est bien en famille dans les films de Lisa Azuelos – en général, on y trouve des trajets en voiture, des parents qui fument des pétards en cachette, des moments blottis les uns contre les autres. Ses enfants, Carmen, Ilan et Thaïs, 32, 27 et 25 ans, ont nourri ses réalisations : l’aînée a été la source d’inspiration de LOL (2008), sur la complexité des relations mère-fille à l’adolescence. Dans Mon bébé (2019), l’histoire d’une femme divorcée mère de trois enfants qui a du mal à laisser sa fille quitter le nid, c’est justement Thaïs qui en tient le rôle. Le dernier film familial, I Love America (2022), diffusé, lui, sur Amazon Prime, raconte le moment où une mère reprend sa vie sans ses enfants. Il est aussi nourri de souvenirs des relations de Lisa Azuelos, 58 ans, avec sa propre mère, la chanteuse et comédienne Marie Laforêt (1939-2019). « On quitte deux fois le corps de sa mère, y entend-on, à la naissance et quand sa mère meurt. »

La première fois que vous vous êtes sentie mère ?

A 3 ans, en pension, seule avec mon petit frère de 1 an et demi. J’ai toujours senti que je devais le protéger comme une mère. Avec mon frère, je savais que c’était moi la grande. J’ai compris après coup que j’étais beaucoup trop jeune pour m’occuper d’un plus petit. Evidemment, c’est fou de mettre un enfant en pension si jeune. Je n’ai pas eu de maison, pas eu de chambre d’enfant de 1 à 8 ans ! J’étais placée tout le temps, en pensionnat, en « home d’enfant » comme on disait à l’époque, ou chez des espèces de nourrices, deux ans en Suisse, trois ans dans la Sarthe… J’ai grandi en chopant des bouts de maman partout là où on pouvait m’en donner : un professeur de français, la maman d’une amie, mon père…

En 1976, votre mère, Marie Laforêt, chante « Cadeau », un énorme succès. La chanson raconte une mère dans sa cuisine à qui son fils vient demander de l’argent de poche pour avoir fait son lit, descendu la poubelle… Après s’être essuyé les mains sur son tablier, elle lui répond, en lui parlant des nuits à surveiller son sommeil, et de tout le reste : « Cadeau. » On est loin de votre enfance…

Oui, et au départ, c’était moi qui devais faire la voix de l’enfant ! A la fin de la chanson, on l’entend dire : « Maman, je t’aime très beaucoup. » La phrase n’a jamais pu sortir… C’est mon frère qui l’a chantée.

Une manie qui vous agaçait chez vos parents et que vous reproduisez quand même ?

Mon père [l’homme d’affaires Judas Azuelos, séparé très tôt de sa mère, décédé en 2023] criait beaucoup. J’ai pas mal crié quand j’étais fatiguée.

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