vendredi, mai 3
Guillermo Guiz, au Théâtre de l’Atelier, à Paris, le 9 mars 2024.

Tout est dans le titre, La Formidable Ascension sociale temporaire de G. Verstraeten, et l’affiche. On y voit Guillermo Guiz, l’air désabusé, manger négligemment un sandwich bourré de frites et de ketchup à la table d’un palace.

Né Guy Verstraeten en 1981, élevé par son père dans le quartier populaire d’Anderlecht, à Bruxelles, et devenu, en 2013, Guillermo Guiz, cet humoriste a changé de vie et de statut social grâce au stand-up. Mais ce transfuge de classe se demande si cette nouvelle condition – gagner de l’argent en faisant des blagues, être considéré comme un « artiste » – a un sens. Bref, Guy Verstraeten oblige Guillermo Guiz à faire le point sur ce que lui et ses idéaux sont devenus.

« Au début de ma carrière, je voulais faire rire pour remplir un vide existentiel, maintenant c’est pour financer mes nouveaux Velux. » Dès son arrivée sur scène, Guillermo Guiz plante le décor. A 42 ans, il signe son troisième spectacle et se penche sur sa condition de petite célébrité du stand-up qui doit toujours avoir « des trucs à dire ». Le résultat – découvert sur ses terres en Belgique, avant ses dates parisiennes – est plus désopilant que jamais. Un parfait mélange d’autodérision et de réflexions bien senties sur son drôle de métier, qu’il serait urgent de relativiser.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Avec « Au suivant », Guillermo Guiz soigne ses névroses sur scène

Après s’être fait connaître du public français avec Guillermo Guiz a un bon fond (2015), puis avoir confirmé son talent avec Au suivant (2020), ce Belge faussement nonchalant s’interroge sur la part d’imposture de son itinéraire et partage ses doutes, pour ne pas dire sa culpabilité, quant aux privilèges des artistes. Le stand-up l’a sorti de la galère et reste son métier préféré, donc pas question de « cracher dans la soupe ». Il se rêvait footballeur, a été quelques années journaliste à la pige puis manageur de boîtes de nuit qui mirent la clé sous la porte. Trentenaire fauché, il monte sur l’estrade d’un petit comedy club, et ce sera le début d’une nouvelle aventure.

« Embourgeoisement » matériel et moral

Mais, à la quarantaine « molle », comment vieillir dans ce métier ? D’autant qu’en dix ans le stand-up, discipline « la plus démocratique qui soit » (on peut tester ses blagues sur scène et, qui sait, devenir célèbre du jour au lendemain, Paul Mirabel en sait quelque chose), a « explosé ». Jamais le nombre d’humoristes n’a été si important. « Honnêtement, c’est un fléau, on est les punaises de lit de la culture », balance Guillermo Guiz. « Voir autant de gens qui essaient de décontracter les autres, c’est quand même le signe d’une société qui ne va pas bien », dit-il avec lucidité.

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