samedi, avril 27
De gauche à droite, les membres du Sinn Fein Conor Murphy, la cheffe du parti Mary Lou McDonald et la première ministre nord-irlandaise Michelle O’Neill, au Parlement, à Stormont (Ulster), le 30 janvier 2024.

Après deux années de paralysie politique, l’Irlande du Nord devrait enfin pouvoir aller de l’avant. Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 janvier, Jeffrey Donaldson, le chef du Parti unioniste démocrate (DUP), est parvenu à convaincre une majorité de ses membres qu’ils devaient se résoudre à participer de nouveau à l’Assemblée régionale nord-irlandaise (Stormont) et accepter les termes d’un accord péniblement négocié avec le gouvernement britannique. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les institutions démocratiques de la province, complexes et toujours fragiles, vingt-cinq ans après le traité de paix du Vendredi Saint, qui a mis fin à des décennies de guerre civile entre la communauté protestante et unioniste (en faveur du maintien dans le Royaume-Uni) et la communauté catholique, majoritairement en faveur d’une réunification de l’Irlande.

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En février 2022, le DUP avait claqué la porte de Stormont, refusant d’endosser le nouveau statut de l’Irlande du Nord issu du Brexit négocié en 2019 entre le premier ministre Boris Johnson et Bruxelles. Contrairement au reste du Royaume-Uni, la province restait partie du marché intérieur européen pour la circulation des biens et un contrôle douanier en mer d’Irlande (avec la Grande-Bretagne) devait dès lors être institué. Cette nouvelle frontière était considérée comme une atteinte à leur identité britannique, donc inacceptable, par les unionistes du DUP (mais aussi par ceux du Parti unioniste de l’Ulster – UUP, un parti plus modéré – et les membres du Traditional Unionist Voice – TUV, des unionistes ultras).

En l’absence du DUP, l’Assemblée et le gouvernement régional ne pouvaient siéger, les pouvoirs législatif et exécutif nord-irlandais devant être partagés à égalité entre les partis unionistes et nationalistes (favorables à la réunification irlandaise). Le nouvel accord, dit « Windsor Framework », décroché par le premier ministre Rishi Sunak auprès de la Commission européenne, début 2023, n’a rien fait, dans un premier temps, pour amadouer les unionistes. Pourtant, il prévoit un allégement significatif des contrôles douaniers pour les biens provenant de Grande-Bretagne et à destination du marché nord-irlandais.

Frustration des Nord-Irlandais

Une frange radicale des unionistes rejetait jusqu’à présent ces dispositions, réclamant un abandon, irréaliste, des contrôles douaniers. D’autres refusaient de retourner à Stormont pour des raisons moins avouables : pour éviter de participer à un gouvernement dirigé pour la première fois par une première ministre, Michelle O’Neill, issue du Sinn Fein, le principal parti nationaliste après sa victoire aux élections régionales de mai 2022. Depuis sa fondation en 1921 comme un sanctuaire de protestants, l’Irlande du Nord avait jusqu’à présent toujours été dominée par des politiques unionistes. Michelle O’Neill a hérité du titre de première ministre mais elle attendait toujours, mardi, dix-huit mois après les élections, d’exercer effectivement cette fonction.

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