mercredi, mai 8
Des Palestiniens devant des bâtiments détruits de l’UNRWA, dans la ville de Gaza, le 10 février 2024.

Premier effet concret du rapport Colonna sur l’UNRWA : l’Allemagne, l’un des plus importants bailleurs de cette agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, a décidé de reprendre ses versements à l’organisation, gelés après qu’Israël l’avait accusée d’être infiltrée par le Hamas. L’audit publié lundi 22 avril, mené par l’ancienne ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna, a blanchi en grande partie l’agence, tout en suggérant des pistes pour renforcer sa neutralité. Deux jours après sa présentation, Berlin a annoncé, mercredi, son intention de reprendre son aide et salué le « rôle vital » de l’UNRWA, acteur humanitaire majeur dans la bande de Gaza, bombardée depuis plus de six mois par l’armée israélienne.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le rapport Colonna juge l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, « irremplaçable » et perfectible

Le gouvernement fédéral entend se coordonner avec ses « partenaires internationaux les plus proches pour décaisser des fonds supplémentaires » destinés à l’agence. « En lien avec [les] réformes [préconisées par l’audit], le gouvernement fédéral poursuivra prochainement sa coopération avec l’UNRWA à Gaza », ajoute un communiqué ministériel. Si les délais restent flous, ce revirement est un soulagement pour l’organisme. L’Allemagne était devenue son deuxième donateur après avoir considérablement augmenté son aide à partir de 2018. L’aide de Berlin avait contribué à atténuer la crise provoquée par l’arrêt des financements américains de 2018 à 2021, ordonné par le président Donald Trump.

Mais, fin janvier, l’Allemagne figure parmi les dix-huit bailleurs, pour la plupart occidentaux, qui se désistent en un temps record. Philippe Lazzarini, le directeur de l’organisation, vient de rendre public que douze des 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza sont accusés par Israël d’avoir participé au massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023. Ceux qui sont encore en vie, dix sur douze, ont été limogés sur-le-champ, précise le patron de l’agence. En dépit de ces sanctions immédiates, imposées sans même qu’Israël ait produit les preuves à l’appui de ses allégations, les donateurs lâchent l’UNRWA.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés En pleine crise humanitaire à Gaza, l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, plongée dans la tourmente

C’est un séisme pour l’agence. Elle se retrouve avec 450 millions de dollars (plus de 419 millions d’euros) gelés, l’équivalent de plus de la moitié de son budget général pour 2024. Celui-ci assure le fonctionnement de ses écoles et de ses dispensaires pour les 6 millions de réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie, en Jordanie et dans les territoires palestiniens. Il ne s’agit plus de combler des sous-financements chroniques, mais d’assurer sa survie, au moment le plus difficile : Gaza, où l’on compte à ce moment plus de 26 000 morts, fait face à un cataclysme humanitaire.

Il vous reste 65.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version