jeudi, mai 2

Les finances publiques françaises sont confrontées à un double mystère. D’une part, le déficit public dérape à court terme, alors même que la conjoncture mondiale est bonne et le chômage au plus bas. D’autre part, les dépenses et les recettes publiques ne cessent de croître, et pourtant la perception d’une dégradation du service public et de ses résultats s’accroît dans la santé, l’éducation ou la lutte contre la pauvreté.

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Le gouvernement en est réduit à espérer résoudre ces paradoxes par l’arrivée de la croissance, tel Estragon guettant Godot. C’est ne pas voir que la dégradation des finances publiques et la stagnation du niveau de vie sont deux faces d’une même pièce : un secteur public étendu, mais inefficace, qui ne semble plus justifier l’imposition extrêmement élevée qui pèse sur le travail et empêche le niveau de vie de s’élever par les salaires et l’emploi privé.

Pour y remédier, une révolution copernicienne doit s’opérer dans la conception du rôle du budget de l’Etat : les finances publiques doivent être mises au service de la croissance, plutôt que d’attendre qu’une croissance hypothétique vienne au secours des finances publiques.

Du côté des dépenses, trop de postes sont un frein à l’activité, sans pourtant cibler les plus fragiles. Ainsi d’une assurance-chômage désincitative au retour à l’emploi ; de congés maladie généreux mais mal contrôlés ; ou d’un enseignement supérieur trop peu axé vers les meilleurs débouchés. Rien n’est plus symptomatique de cette préférence française que le poids croissant des retraites (et leur surindexation récente), un transfert massif, chaque année, de près de 350 milliards d’euros des actifs vers les seniors inactifs.

Indispensable accroissement des salaires

Du côté des recettes, une fiscalité particulièrement désincitative à l’activité pèse essentiellement sur les assiettes les plus réactives à la taxation (le travail, et en particulier celui à temps partiel des jeunes, des femmes, et des seniors aux marges de l’emploi ; l’investissement des entreprises ; les mobilités résidentielles). A l’inverse, elle repose beaucoup trop peu sur les assiettes les moins mobiles (la valeur des terres) ou sur les externalités (les émissions de carbone).

Financer des dépenses plus efficaces par des recettes moins destructrices pour la prospérité est un impératif. Quatre chantiers permettraient de rendre la fiscalité française « en même temps » plus juste, moins nocive pour l’économie et moins sujette aux retournements de conjoncture comme aux errements clientélistes.

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