vendredi, mai 17
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, à Washington, le 1er mai 2024.

Ne pas jouer en Bourse les jours où la Réserve fédérale américaine (Fed) intervient : ainsi va l’adage à Wall Street, et il se vérifie particulièrement sous la présidence de Jerome Powell. Le banquier central a l’habitude de trébucher et de contredire les communiqués de sa propre institution en faisant faire du yoyo aux marchés financiers.

Ce mercredi 1er mai n’a pas échappé à la règle, même si le président de la Fed n’a pas gaffé et s’il s’est efforcé, dans sa conférence de presse, de protéger la Bourse du pire, repoussant le scénario catastrophe d’une nouvelle hausse des taux : « Je pense qu’il est peu probable que le prochain mouvement des taux directeurs soit une hausse », a-t-il déclaré, faisant s’envoler les indices de Wall Street en cours de séance – de 1,2 % pour le S&P 500 et de 1,7 % pour le Nasdaq, riche en valeurs technologiques.

Toutefois, comme chacun sait, l’inflation aux Etats-Unis s’accroche (encore + 3,5 % sur douze mois en mars sur un an), et l’heure n’est donc plus à un rapide reflux des taux, comme l’escomptait encore la Fed en décembre 2023, prévoyant à l’époque au moins trois baisses du loyer de l’argent en 2024. « Nous ne pensons pas qu’il sera approprié de réduire les taux, tant que nous n’aurons pas acquis une plus grande confiance dans le fait que l’inflation évolue durablement vers 2 % », a mis en garde M. Powell. Il a annoncé laisser comme prévu inchangés les taux de l’institution monétaire – ils sont au plus haut depuis plus de vingt ans, entre 5,25 % et 5,5 % –, déplorant que les statistiques récentes aient été « supérieures aux attentes » sur le front de la hausse des prix et notant « l’absence de progrès » récent en la matière. « Il est probable qu’il faudra plus de temps que prévu pour acquérir une telle confiance », a ajouté le banquier central.

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Résultat, lentement mais sûrement, Wall Street a décru, comprenant que les taux étaient fixés au-delà de 5,25 % sans doute pour longtemps. L’indice S&P 500 et le Nasdaq ont alors pointé du nez, finissant tous les deux la séance de mercredi en baisse d’environ 0,33 %. « Voilà la hausse du marché qui est partie dans le caniveau », a ricané le trader Mark Minervini. Depuis le début de l’année, les taux d’intérêt à dix ans – le rendement des emprunts d’Etats – se sont pour leur part fortement tendus, passant de 3,93 % à 4,63 % mercredi.

Pendant toute sa conférence, Jerome Powell a insisté sur le fait que la politique monétaire était « restrictive », que le marché du travail s’était « refroidi », avec la baisse des démissions et des offres d’emploi, et a-t-il ajouté, « nous pensons qu’avec le temps, cela deviendra suffisamment restrictif. Ce sera une question à laquelle les données devront répondre ». Mais « 3 %, ce n’est pas un chiffre dont nous pouvons nous satisfaire. Nous allons donc ramener l’inflation à 2 % au fil du temps », a-t-il précisé.

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