mardi, avril 30
Des militants de Greenpeace manifestent près du « MV Coco », dans la zone Clarion-Clipperton, le 30 novembre 2023.

La bataille pour les minéraux disséminés sous l’océan se poursuit. Depuis le 18 mars et jusqu’au 30 mars, les représentants des trente-six Etats qui siègent actuellement au conseil de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) ont repris leurs négociations au sujet du code minier censé encadrer l’exploitation de lithium, cobalt, nickel, cuivre et manganèse présents sur le plancher océanique. Au sein de cette organisation de l’ONU, installée à Kingston, en Jamaïque, les discussions, laborieuses, avancent lentement.

Le secrétaire général de l’AIFM, Michael Lodge, a néanmoins inscrit à l’agenda du vendredi 22 mars une séance entière pour exposer son rapport sur « des incidents survenus dans la zone de Clarion-Clipperton », désignant ainsi une opération de Greenpeace International, venue exprimer au milieu du Pacifique son opposition à l’activité industrielle au fond de l’océan.

La manifestation, annoncée comme pacifique, démarre le 27 novembre 2023 et prend fin le 4 décembre. L’ONG décide d’envoyer son navire l’Arctic Sunrise compliquer la mission du MV Coco. Ce navire de 82 mètres de long, battant pavillon danois, est alors engagé dans une campagne d’exploration au-dessus de la zone de fracture de Clarion-Clipperton, avec à son bord un ROV, un petit robot sous-marin contrôlé à distance. Il opère pour le compte de Nauru Ocean Resources Inc. (NORI), filiale du canadien The Metals Company (TMC), parrainé par la petite république insulaire de Nauru.

La liberté d’expression et de navigation

Ce n’est pas la première fois que cette société se livre à des essais, présentés comme des campagnes supposées apporter des révélations scientifiques sur l’environnement profond. Gerard Barron, son dirigeant, qui se targue d’avoir déjà extrait 3 000 tonnes de métaux lors d’un test en 2022, répète qu’il fera tout pour obtenir une licence dès cette année – peu importe que soient ou non établies les règles du code minier en cours d’élaboration – afin de commencer à partir en quête de nodules polymétalliques en 2025.

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Comme à son accoutumée, Greenpeace a filmé ses militants en train de brandir des pancartes contre l’exploitation des grands fonds – « Stop Deep Sea Mining » – à bord de leurs kayaks et de leurs deux bateaux semi-rigides, et attachant une banderole à la coque du MV Coco. Cinq d’entre eux sont aussi montés à bord du navire. Leur action a déplu au dirigeant de NORI, qui l’a dénoncée comme étant « antiscience, dangereuse et illégale ».

Alerté, Michael Lodge a pris fait et cause pour NORI. Comme l’indique le document consulté par Le Monde, le secrétaire général de l’AIFM a rédigé un rapport méticuleux des événements et saisi la justice des Pays-Bas, le 27 novembre 2023. Il espérait obtenir une injonction à l’encontre des occupants de l’Arctic Sunrise – qui bat pavillon néerlandais –, les obligeant à quitter la zone. Mais la Cour d’Amsterdam n’a pas suivi son argumentaire. Elle a décidé que les militants de Greenpeace devaient descendre du MV Coco – ce qu’ils ont fait – et confirmé l’existence du droit de manifester pacifiquement, inhérent à la liberté d’expression et à la liberté de réunion. Sa décision fait l’objet d’un appel.

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