mardi, mai 21
Une forêt mixte (hêtres, chênes, pins, épicéas) dans le Parc naturel régional des Vosges, en novembre 2018.

Le changement climatique devrait réduire le « réservoir d’espèces » d’arbres dans lequel peuvent puiser les forestiers en Europe d’au moins un tiers par rapport au réservoir actuel. Tel est le résultat, inquiétant, de travaux publiés lundi 29 avril dans la revue Nature Ecology & Evolution. Alors que les forêts du continent sont frappées de plein fouet par les incendies, les sécheresses et les maladies, liés en grande partie au réchauffement, le nombre d’essences européennes disponibles pour adapter les massifs à ces bouleversements apparaît d’ores et déjà particulièrement restreint.

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Frênes, chênes, saules, aulnes, pins… Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont pris en compte la répartition de 69 espèces natives d’Europe, soit plus de 90 % des espèces européennes – le continent dispose de peu d’essences endémiques par rapport à d’autres régions du monde –, ainsi que les données d’occurrence issues de plus de 238 000 parcelles forestières. Ils ont ensuite modélisé la capacité de résistance des arbres jusqu’à 2100, en fonction de trois scénarios climatiques : le premier prévoyant un réchauffement d’environ 1,6 °C à l’horizon 2100 par rapport à la période 1850-1900, le deuxième un réchauffement de 2,5 °C, et le troisième d’environ 4,3 °C.

En moyenne, selon leurs résultats, le nombre d’essences par kilomètre carré à même de traverser le siècle diminuerait d’environ 33 % par rapport au nombre d’essences actuel, dans le scénario le moins sévère ; de 38 % dans un scénario intermédiaire (neuf essences pourraient être plantées par kilomètre carré) ; et de 49 % si le réchauffement était encore plus sévère. L’impact diffère selon les zones géographiques : l’Europe du Nord et l’Europe de l’Ouest devraient être plus affectées que le centre et l’est du continent. Les régions montagneuses seraient également relativement épargnées.

« Goulet d’étranglement »

Si d’autres travaux ont déjà décrit l’évolution des aires de répartition de différentes espèces d’arbres, cette nouvelle publication démontre que la crise climatique pourrait créer une sorte de « goulet d’étranglement » dans la gestion forestière : les espèces adaptées à une région particulière aujourd’hui pourraient ne plus être adaptées au climat futur.

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Et si, au fur et à mesure que le réchauffement va s’accentuer, de nouvelles essences vont pouvoir s’établir en un lieu donné, elles ne peuvent le faire dès à présent, par exemple parce que des épisodes de gel continuent à survenir. Or, les gestionnaires forestiers ne peuvent utiliser que des essences climatiquement viables à la fois aujourd’hui et dans le futur.

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