vendredi, mai 17

Depuis plusieurs mois, les autorités de Pékin tentent de réduire au maximum les ventes de cognac français en Chine.
Les producteurs de cognac, eux, alertent les autorités françaises et européennes sur la menace d’une « mesure de rétorsion chinoise » dont ils se disent otages.

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Le 20H

C’est un alcool qui se vend à 98% à l’étranger. La Chine est l’un des plus gros clients de cognac après les États-Unis. Mais depuis quelques mois, les relations avec la France se sont tendues, et les négociants de cognac ont reçu tout un tas de questionnaires à remplir. « Les questions font 45 pages. Le questionnaire, c’est plus de onze onglets et de tableaux Excel à répondre. Et ça, c’est le troisième qu’on reçoit », déplore Alexandre Gabriel, producteur de cognac « Maison Ferrand » à Ars (Charente) dans le sujet de TF1 en tête de cet article.

Tout doit être détaillé pour prouver que le secteur du cognac n’a pas reçu d’aide du gouvernement français. « On nous demande nos investissements, nos exports, sur quel pays… C’est un surcroit de travail significatif, répétitif qui est énorme. Mais si vous perdiez votre deuxième client, ça pourrait être dévastateur effectivement pour le secteur », s’inquiète Alexandre Gabriel. Perdre le client chinois pourrait avoir des conséquences sur toute la filière viticole.

Pour devenir du cognac, le vin blanc est distillé avant d’entamer plusieurs années de vieillissement dans des barriques. Si les exportations vers la Chine venaient à s’arrêter, il faudrait trouver de nouveaux débouchés pour ce raisin. Mais cela pourrait entraîner une surproduction qui pose déjà un problème aujourd’hui.

Un précédent alarmant avec l’Australie

Le risque est grand, car il existe un précédent. En 2020, la Chine a décidé de taxer les vins australiens vendus sur son territoire jusqu’à 200 % de surtaxe. Le marché s’est effondré avec -99 % de chiffre d’affaires. Une catastrophe économique que les producteurs français veulent à tout prix éviter. « En fait, on n’a vraiment rien à se reprocher. On est pris en otage par rapport à des dossiers, par rapport à des conflits commerciaux entre l’Europe et d’autres grandes puissances mondiales », dénonce Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC).

En 2023, 32 millions de bouteilles de cognac ont été vendues en Chine pour un chiffre d’affaires qui dépasse les trois milliards d’euros.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Alexandra Vieira et Florian Gourdin

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