mardi, mai 21

LA LISTE DE LA MATINALE

Il y en a pour tous les goûts. Les journalistes du supplément hebdomadaire Science & médecine ont lu et choisi des livres qui vous feront découvrir comment Américains et Soviétiques ont bâti des villes secrètes avec des règles de fonctionnement hors du commun autour des fabriques de plutonium, connaître la saga de la greffe du rein ou encore plonger au fond des océans où sont apparues les premières formes de vie 100 millions d’années, à peine, après la formation de la Terre.

Les cités secrètes de la course à la bombe

Non, Tchernobyl (Ukraine), en 1986, n’est pas le premier accident nucléaire en URSS. Non, Three Mile Island (Pennsylvanie), en 1979, n’est pas, non plus, le premier aux Etats-Unis. Bien avant ces deux catastrophes, deux autres territoires et leur population de dizaines de milliers d’habitants ont chacun été contaminés par la radioactivité pendant des dizaines d’années, dans le plus grand secret. Et pour cause, les fumées, les rejets liquides ou solides irradiés, voire les explosions polluantes, équivalentes en quarante ans à deux Tchernobyl, provenaient de deux sites militaires secrets, abritant les usines de productions de plutonium pour les bombes atomiques des deux grandes puissances.

L’impressionnante histoire parallèle de ces deux régions, de l’usine de Maïak, dans l’Oural, et de celle de Hanford, dans l’Etat de Washington, et surtout de leurs villes construites pour leurs cadres et leurs ouvriers, respectivement Oziorsk et Richland, est racontée par Kate Brown, professeure de science, technologie et société au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston), et est enfin traduite en français, onze ans après la version originale. La lecture est édifiante et douloureuse.

Avant d’aborder les longs et peu glorieux (pour les gouvernants) chapitres des contaminations environnementales et de leurs effets sur les humains, l’autrice détaille l’organisation urbaine et surtout sociale des deux projets : surveillance, ségrégation, absence de démocratie, maintien de l’ordre… Et c’est l’URSS qui, en plus de copier les plans du réacteur nucléaire, s’inspire des techniques américaines de contrôle des populations pour son propre projet d’usine et de ville. La professeure a baptisé « plutopies » ces « espaces dorés de captivité », pour souligner comment, malgré les risques, les habitants ont accepté des contraintes hors norme, renonçant même à certains de leurs droits civiques, y compris aux Etats-Unis, qu’on attendait plus ouverts.

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