« Est-ce que je pourrai prendre mon bus ? » A Paris, la question des transports durant les JO cristallise les préoccupations

« Je suis venue voir si je pourrai prendre mon bus jusqu’à Montparnasse. » A six mois des Jeux olympiques, Edith, retraitée et habitante du 17^e arrondissement de Paris (elle n’a pas souhaité donner son nom) s’inquiète des conditions de déplacement et de circulation qui prévaudront cet été durant l’événement. Lundi 12 février dans la soirée, dans l’espoir d’en savoir un peu plus, elle était venue assister, comme quelque cinq cents personnes, à une réunion publique organisée par la mairie d’arrondissement.

A la tribune, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, des adjoints de la Mairie de Paris, ainsi que des représentants du Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojop) étaient venus redétailler les futurs périmètres de sécurité et de circulation, qui avaient été officiellement dévoilés à la fin de novembre 2023.

Ils étaient surtout venus pour répondre aux questions des habitants comme ils le font depuis la mi-janvier à travers une tournée des arrondissements parisiens – à la demande des mairies de ces arrondissements. « Ces réunions servent à faire redescendre la pression et à répondre à des inquiétudes qui sont légitimes », explique Karim Ziady, conseiller délégué au sport à la Mairie de Paris et élu du 17^e. Les 7^e, 8^e et 15^e arrondissements ont ainsi été « visités ».

« Votre vie va être différente »

Durant les Jeux, deux zones de sécurité encercleront au plus près les sites olympiques et deux zones de circulation, ne concernant que les automobiles, mais ni les vélos ni les piétons, seront établies aux alentours de ces derniers : le périmètre bleu empêchera le transit des véhicules motorisés mais restera accessible à ceux qui s’y rendent pour travailler, rentrer chez eux ou aller dans un commerce ; le périmètre rouge interdira la circulation automobile, sauf dérogations, dont la préfecture a élargi le champ, au début de février, par rapport aux premières annonces.

« Dans le 17^e, il n’y a pas de périmètre, sauf un petit bout le jour de la cérémonie d’ouverture », a toutefois rappelé d’emblée Laurent Nuñez. L’arrondissement n’hébergera aucun site de compétition. Seul le centre sportif Max-Rousié accueillera l’entraînement des boxeurs et, porte Maillot, le palais des Congrès abritera les médias internationaux au centre principal de presse alors que dix-sept lignes de bus transiteront par la gare routière Pershing. L’arrondissement verra également passer les relais des flammes olympique, le 15 juillet, et paralympique, le 28 août.

« Mais, en tant que Parisiens, vous serez forcément concernés », a néanmoins tenu à prévenir, à plusieurs reprises, Laurent Nuñez. Ce qu’a confirmé le maire de l’arrondissement, Geoffroy Boulard (Les Républicains), devant la salle comble : « Je ne vais pas vous mentir, votre vie va être différente. »

Regrets sur l’absence d’un représentant de la RATP

Lundi soir, un sujet est tout particulièrement revenu dans les interventions des riverains présents : celui des transports publics, avec des interrogations et des coups de colère sur l’aggravation des conditions de trafic, la clarté des informations ou encore de l’accessibilité aux personnes en situations de handicap.

« On est assez surpris parce qu’on s’attendait à ce que la présence du préfet de police amène les gens à poser des questions sur la sécurité, sur la circulation, mais on ne pensait pas qu’il y aurait autant de questions sur la politique des transports et la mobilité, s’étonnait Karim Ziady. Ce n’était pas un sujet qui était revenu lors des premières réunions, il y avait eu beaucoup d’inquiétudes de la part des commerçants sur les accès mais aussi sur la sécurité des biens et des personnes. »

Des questions sur la circulation, il y en a quand même eu, comme l’intervention de Stéphane (qui n’a pas souhaité donner son nom), maître d’ouvrage pour un promoteur immobilier opérant sur deux chantiers dans le 17^e et qui s’est inquiété pour les livraisons, la circulation des camions. Ou encore celle d’Elisabeth, peintre à temps partiel, possédant un atelier dans le 17^e, et qui se questionnait sur la possibilité de transporter ses tableaux.

Mais, au cours des échanges, plusieurs habitants ont relevé et regretté l’absence d’un représentant de la RATP. « Il faut des réunions spécifiques sur les transports, c’est l’une des conclusions de ce soir », voulait retenir Karim Ziady, quand Geoffroy Boulard a annoncé son souhait de convoquer la RATP pour une réunion au printemps.

Sur le parvis de la mairie, au terme de la réunion de deux heures, un groupe de commerçantes n’apparaissaient pas encore vraiment convaincues par les éléments communiqués et se disaient inquiètes pour l’accès à leurs boutiques. « On est dans l’expectative », concluaient-elles. « Il y a des inquiétudes qui sont partiellement levées mais pas toutes. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour informer les gens », convenait pour sa part Karim Ziady. Edith, elle, est repartie bredouille. Elle n’a pas eu la réponse pour ses bus.