dimanche, avril 28

Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail, répond au PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, qui, dans un entretien au Monde, prévient qu’il ne veut plus « qu’on utilise la grève comme point d’entrée du dialogue social », mettant en cause SUD-Rail et son « choix délibéré de cumuler les grèves ».

Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a proposé aux organisations syndicales de débattre d’une plate-forme de progrès social afin que la grève ne soit plus le « point d’entrée du dialogue social ». Il met en cause directement SUD-Rail dans cette stratégie de la grève, puisque vous avez déposé un préavis pour les contrôleurs et les aiguilleurs. Vous avez souhaité lui répondre.

A son arrivée en 2019, Jean-Pierre Farandou disait déjà : « Il faut renouer le dialogue social. » Quatre ans plus tard, il dit : « Il faut faire du dialogue social autrement. » C’est bien que son bilan, sur ce point, est mauvais. D’ailleurs, les chiffres le démontrent.

Malgré tout, je lui réponds donc : « Chiche, nous sommes d’accord, mais il y a un préalable. L’entreprise doit tenir ses engagements, s’en donner les moyens et il faut que, dans le groupe SNCF, tous les dirigeants soient alignés sur cette doctrine. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »

S’il y a autant d’alarmes sociales et de préavis de grève, c’est parce que le dialogue social n’existe pas. Regardez les chiffres. En 2023, les syndicats ont déposé 2 192 alarmes sociales, qui se sont terminées par 543 préavis [hors mouvement de grève contre la réforme des retraites, un chiffre relativement stable sur quinze ans]. La raison est simple : c’est le seul moyen que l’on a pour faire remonter les revendications de terrain au niveau des établissements de la SNCF.

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Depuis les ordonnances Macron de 2018 qui ont conduit à la fusion des comités d’entreprise, des CHSCT [comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail] et des délégations du personnel, il n’y a plus d’espace pour le dialogue social local. Au niveau du terrain, les cheminots n’ont plus d’interlocuteurs syndicaux pour leurs problèmes quotidiens ; les rancœurs et les non-réponses s’accumulent, créant de fait un climat social dégradé.

C’est sans doute pour cela que la direction vous propose une autre approche ?

Dans la plate-forme que nous propose Jean-Pierre Farandou, il n’y a aucune proposition sur le sujet du dialogue social à tous les niveaux de l’entreprise. Pour aller au-delà de l’effet d’annonce et casser les habitudes mises en place par son prédécesseur [Guillaume Pepy], il faut améliorer quelque chose, concrètement. Aujourd’hui, les attentes des cheminots, c’est d’être écoutés, d’avoir des réponses sur leurs problèmes et leurs revendications du quotidien. Cela ne peut pas se faire au niveau central. Il ne suffit pas d’occuper le terrain médiatique et de caresser tout le monde dans le sens du poil pour faire croire qu’on agit et qu’on a les choses en main pour tenter de faire renouveler son mandat, qui se termine en mai.

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