jeudi, mai 9

Pour ses détracteurs, la mesure incarne le risque d’une transformation définitive de Venise en parc d’attractions. Les jours de grande affluence, comme ce jeudi 25 avril, jour férié où l’on célèbre la Libération de l’Italie du fascisme, les touristes désireux d’arpenter ses ruelles et les bords de ses canaux à la beauté sans pareille devront désormais se munir d’un ticket d’entrée après avoir préalablement réservé leur visite, en s’acquittant de la somme de cinq euros.

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En 2024, ce régime sera imposé pour vingt-neuf dates identifiées comme critiques par la municipalité. L’objectif est d’alléger le poids que font peser sur les infrastructures et sur le patrimoine délicat de Venise les flux massifs de voyageurs qui dénaturent la vie urbaine de la ville. Plus spécifiquement, il s’agit pour les autorités de tenter de décourager les visiteurs journaliers dont l’apport économique est faible, mais qui encombrent tout autant les passages étroits et les ponts du centre historique.

L’introduction du billet d’entrée, porté par le maire de centre droit Luigi Brugnaro, est une réponse aux polémiques récurrentes sur les ravages infligés à Venise par le « surtourisme » dans une ville dont les beautés constituent une rente économique colossale. La mise en œuvre de cette réforme intègre d’ailleurs les engagements pris par la municipalité pour éviter que Venise et sa lagune ne soient placées sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco. Préconisée dans un rapport du Centre du patrimoine mondial en juillet 2023, une telle mise au banc a été évitée de justesse.

Multiples exemptions prévues

Jeudi, des comités d’habitants et des militants de gauche de Venise ont par ailleurs manifesté leur opposition aux nouvelles procédures. Pour eux, il s’agit de l’ultime étape en date d’une transformation urbaine visant à ce que les îles vénitiennes cessent de constituer une ville, avec ses habitants et ses fonctions quotidiennes, pour n’être plus qu’un site touristique dépeuplé et exploité à outrance. « Rien n’a jamais été fait pour réguler le tourisme. (…) Moi je l’ai fait », a déclaré le maire de Venise, M. Brugnaro.

Pourtant, cette mesure paraît plus symbolique que propre à apporter un changement structurel. Sur 113 000 entrées dans Venise le 25 avril, seuls 15 700 touristes ont dû payer un ticket du fait de multiples exemptions prévues. Accusés de tous les maux, les visiteurs journaliers ne sont qu’un aspect parmi tant d’autres d’excès du tourisme qui, à Venise, restent bien trop rémunérateurs pour être véritablement combattus.

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