mercredi, mai 8
Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, près du Havre, en France, le 29 mars 2024.

Les agences de notation Moody’s et Fitch ont rendu leurs verdicts respectifs de printemps sur la dette souveraine française, vendredi 26 avril soir : toutes les deux maintiennent cette note inchangée.

Moody’s a maintenu le niveau Aa2 avec perspective stable, jugeant le risque de défaut très faible malgré la récente dégradation des finances publiques du pays. De son côté, Fitch, qui avait dégradé l’année dernière la note, l’a laissée au niveau AA –, avec perspective stable également.

Le ministre français de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a déclaré prendre « note » des verdicts des deux agences. « Cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République : être sous les 3 % de déficit en 2027 », a-t-il déclaré dans un communiqué.

La notation des agences arrive après une succession de déconvenues dans les prévisions de Bercy. En février, le gouvernement avait dû abaisser de 1,4 % à 1 % la croissance attendue cette année, et annoncer qu’il devait trouver en urgence 10 milliards d’économies sur le budget de l’Etat. Fin mars, c’est l’Institut national de la statistique (Insee) qui annonçait que le déficit public avait dérapé à 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, au lieu des 4,9 % attendus. Enfin le déficit public pour 2024, prévu à 4,4 %, a été relevé à 5,1 % du PIB par Bercy, qui a promis un nouvel effort de 10 milliards d’euros jusqu’à la fin de l’année.

Ces écarts dans les prévisions macroéconomiques proviennent, selon les économistes de La Banque postale, de « recettes inférieures de 21 milliards d’euros aux attentes » en 2023, davantage que des dépenses qui, pour leur part, « ont été maîtrisées », et augmentent de 3,7 % contre 4 % en 2022.

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Les agences de notation s’inquiètent aussi du montant de la dette, qui dépasse les 3 000 milliards d’euros et atteint désormais 110,6 % du PIB français. « La dette française se situe 22 points de PIB au-dessus de la moyenne de la zone euro », observent les économistes dans leur dernière note de décryptage « Rebond » : « C’est le troisième ratio le plus élevé de l’Union européenne, après la Grèce et l’Italie. »

Des objectifs jugés « hors de portée »

En avril 2023, Fitch avait dégradé la note souveraine de la France, l’abaissant d’un cran à AA –, avec perspective « stable ». Ce mois-ci, tout en jugeant « peu ambitieux et de plus en plus hors de portée » les objectifs de réduction du déficit avancés par le gouvernement d’ici à 2027, l’agence avait fait savoir qu’elle n’abaisserait pas de nouveau la note, sauf « improbable » nouvelle aggravation importante de la dette.

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Quant à Moody’s, qui place la France à Aa2 – un cran au-dessus de Fitch – avec perspective « stable », elle juge aussi « improbable », comme le FMI ou le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), l’hypothèse d’un redressement du déficit public sous les 3 % du PIB en 2027, annoncé par le gouvernement pour se conformer aux obligations de Bruxelles. Elle avait déjà souligné fin mars « les risques » liés à « des hypothèses économiques et de recettes optimistes, ainsi que des baisses sans précédent de la dépense ».

Malgré leurs critiques récurrentes, les agences ont fait preuve d’une certaine « magnanimité » envers la France ces dernières années, en lui conservant des notes parmi les meilleures du monde, en raison de la « liquidité » de sa dette ou de la solidité des banques françaises, remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of management.

Bruno Le Maire, lui, veut rester « serein » dans la tempête : « Les agences font leur travail, moi je fais mon travail de ministre des finances qui consiste à rétablir les comptes publics », a-t-il redit, mercredi, sur BFM Business. Le ministre aura encore à affronter le verdict de la troisième agence, et la plus regardée, le 31 mai, à neuf jours des élections européennes. S&P note actuellement la France AA, mais sa perspective est négative.

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Le Monde avec AFP

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